Les vins mythiques
Les grands vins mythiques

Les vins mythiques

Peu de vins peuvent revendiquer le statut de « mythique ».

Un vin mythique est un vin dont le nom est entré dans le patrimoine culturel, dont l’évocation renvoie à la fois à l’histoire, à l’excellence, à la rareté, souvent au luxe, parfois au mystère tant les occasions de les goûter sont rares pour le commun des mortels. Dans le mythe il y aussi l’idée d’une permanence qui s’impose aux hommes, aux modes et aux circonstances.

En les goûtant, on goûte toujours un peu plus qu’un vin. Ces expériences sont à la fois un voyage gustatif, car à la dégustation ces vins tiennent leur rang, avec ce supplément d’intensité, de complexité, de finesse et de longueur que l’on attend d’eux, et un voyage dans le temps et dans l’imaginaire qui leur est associé.

Champagne Krug – Les Millésimés

L’aventure Krug débute en 1843 lorsque Johann-Joseph Krug, un allemand originaire de Mayence, s’installe à Reims.

L’histoire

Après avoir travaillé quelques années chez Jacquesson, Johann-Joseph Krug fonde sa propre Maison en 1843. Œnologue hors pair, il consigne ses formules d’assemblage sur des carnets qui demeureront des sources d’inspiration pour ses successeurs. Les rachats successifs de la maison par de grands groupes, Rémy Martin en 1980 puis LVMH en 1999, n’ont guère entaché à ce jour l’identité de cette institution. Plus de 160 ans séparent Johann-Joseph Krug d’Olivier Krug, aujourd’hui en charge de la maison, mais le souci du détail et le style des vins n’ont guère changé. Etre « krugiste », c’est rechercher une profondeur et une vinosité uniques en Champagne mais c’est aussi, pour les aficionados, entretenir une relation passionnelle et exclusive avec ces vins hors du commun.

Le domaine et le vin

Longtemps dépendante des approvisionnements auprès des viticulteurs, la Maison acquiert 16 hectares entre 1970 et 1972, dont le fameux Clos du Mesnil, à l’origine d’une célèbre cuvée. Le vignoble s’étend aujourd’hui sur une vingtaine d’hectares, presque exclusivement (à 98%) situés dans les grands crus, complétés par des achats de raisins toujours puisés aux meilleures sources pour une production totale de 500 000 bouteilles, bien inférieure en quantité à celle d’autres grands noms de la Champagne. Une des spécificités de la Maison concerne la fermentation des vins menée ici dans des fûts de chêne âgés de 25 ans. Une autre est la durée exceptionnellement longue du vieillissement en cave des vins (6 ans et plus) avant leur mise sur le marché.

Toutes les cuvées historiques de la maison peuvent revendiquer le statut de mythe, de la Grande Cuvée au très exclusif « Clos du Mesnil », en passant par les millésimés toujours exceptionnels. A chaque millésime son caractère, et la proportion des cépages comme le choix des crus varient en fonction du potentiel des années sélectionnées. De manière générale le pinot noir (autour de 50%) domine les assemblages, ce qui contribue à renforcer la puissance et la vinosité des millésimés. Vieillis sur pointes pendant six ans au minimum, les vins présentent une concentration et une complexité exceptionnelles avec cette texture crémeuse caractéristique, affinée par le long vieillissement, et une longueur rare en Champagne. Les millésimés défient le temps, prouvant aux sceptiques les capacités surprenantes des grands champagnes à évoluer pendant 20, 30 ou 40 ans.

Château d’Yquem, Sauternes

Château Yquem est le plus grand vin de Sauternes.

L’histoire & les hommes

Château Yquem est le plus grand vin de Sauternes. Le classement de 1855 faisait même de lui le plus grand de tout le Bordelais, car il est le seul parmi les premiers crus classés auquel on attribua le titre « supérieur ».

Si l’origine du terme « Yquem » reste obscure, on connaît en revanche l’un de ses premiers propriétaires, la famille Sauvage qui entre en possession du château en 1592. Par le jeu des mariages, les Lur Saluces héritent du domaine en 1785 et en resteront propriétaires pendant plus de deux siècles jusqu’à son rachat par LVMH qui confie, en 2004, la direction du château à Pierre Lurton. La réputation d’excellence des vins du château est ancienne et Thomas Jefferson félicitait Monsieur de Lur Saluces en 1787 de posséder « l’un des meilleurs crus de Sauternes », sans que l’on sache précisément quel type de vin était produit à cette époque. La pratique de vendanges tardives est établie dans le sauternais dès 1666 mais il faut attendre le début du XIX ème siècle pour voir se généraliser la récolte de raisins « pourris ». C’est à cette époque qu’Yquem s’affirme comme la propriété phare du sauternais avec des prix de vente jusqu’à cinq fois supérieurs à ceux des grands Margaux, par exemple.

Le vignoble et le vin

Le château, authentique bâtisse médiévale érigée au XII ème siècle au sommet d’un petit coteau, domine un domaine de 113 hectares. Le vignoble, situé à une altitude de 40 mètres, jouit d’un méso-climat particulier : une brume persistante le matin et une température plus élevée que la moyenne l’après-midi. A partir du mois d’octobre, cette alternance d’humidité et de soleil favorise le développement d’un champignon, le botrytis cinerea, qui recouvre chaque baie, perce sa pellicule et la flétrit progressivement tout en concentrant à l’intérieur sucres et acidité. Les vendanges se font au rythme des attaques de « pourriture », au prix de passages répétés, appelés « tries » (jusqu’à 10 à Yquem), entre les rangs pour prélever les grappes suffisamment atteintes. Produire un vin botrytisé est déjà, en soi, un exercice difficile, mais produire un Yquem est un tour de force : rendements autour de 9 hl/ha, tries impitoyables, triple pressurage, fermentation longue, soutirages répétés, élevage en chêne neuf pendant trois ans, etc. En dehors des millésimes désastreux comme 1992, où Yquem renonce à produire ses liquoreux, le résultat est régulièrement somptueux. Les vins s’imposent par leur concentration, leur puissance et leur richesse aromatique tout en maintenant un équilibre et une harmonie qui allègent et transcendent cette magnifique opulence, mais on ne sera jamais assez précis pour décrire ce vin à la complexité absolument hors du commun.

Château Haut-Brion, Pessac-Léognan

Le Château Haut-Brion a une place à part dans le club très fermé des premiers crus classés.

L’histoire & les hommes

Doyen des « châteaux » bordelais, son histoire débute en 1553 lorsque Jean de Pontac achète le fief de Haut-Brion. Un siècle plus tard son petit fils élabore un vin d’un nouveau type, dont on sait peut de choses, sauf qu’il était rouge foncé, mais qui déclenche à Londres un véritable engouement. Baptisé outre-Manche « Ho-Bryan », il s’agit du premier vin du Bordelais identifié par son nom de cru. Vendu presque 4 fois plus cher qu’un « claret » (anglicisation du mot clairet, signifiant un rouge clair ou rosé foncé, type de vin de Bordeaux dominant à l’époque) traditionnel, il attise la curiosité du philosophe John Locke qui se rend sur place et décrit les spécificités de ses sols, constitués de graves. Son antériorité, son prestige et ses prix de vente en feront l’unique propriété des Graves retenue dans le classement des vins de la rive gauche établi en 1855. Entre temps le Château aura connu d’illustres propriétaires dont Comynes, Beyermann et surtout Talleyrand, tous animés par le même souci de qualité. En 1935 il est acheté par Clarence Dillon, et demeure actuellement la propriété de ses descendants. Les siècles de succès n’ont pas endormi la volonté d’innovation : dans les années 1960 le domaine fut le premier à utiliser des cuves de fermentation en inox, plus tard il sera pionnier dans le recours à la sélection clonale. Haut-Brion œuvre toujours dans le même sens, entre tradition et modernité, en maintenant le niveau d’exigence que réclame le statut de premier grand cru classé.

Le vignoble et le vin

Dans sa croissance, l’agglomération bordelaise a peu à peu cerné le vignoble d’Haut-Brion, aujourd’hui totalement encastré dans le tissu urbain. Dans cette enclave, le béton laisse place à de grosses graves garonnaises quartziques et siliceuses sur lesquelles prennent appui les 46 ha de vignes plantées. Le meso-climat spécifique du lieu optimise la maturation des raisins, souvent plus précoce à Haut-Brion qu’ailleurs. L’encépagement comprend des proportions presque équivalentes de cabernet-sauvignon (44%) et de merlot (42%) qui sont alternativement dominants dans les assemblages en fonction des millésimes. Un peu de cabernet franc et une touche de petit verdot viennent en complément. Le château ne joue pas la carte de la concentration mais maintient le cap d’un style tout en élégance et en équilibre dont le temps est le meilleur allié. Un peu moins de 3 ha sont consacrés à un vin blanc sec de haut niveau, puissant et onctueux, dominé par le sémillon.

Joseph Drouhin, Beaune blanc 1er cru Clos des Mouches

Depuis sa création en 1880, cette maison n’a jamais quitté le giron familial.

Le domaine

Joseph, Maurice, Robert puis actuellement Frédéric ont tour à tour présidé à sa destinée en prenant soin, à chaque génération, d’agrandir un peu plus le domaine familial. Il atteint aujourd’hui 73 hectares, menés en culture biologique, dont de nombreuses parcelles en Premier Cru et Grand Cru sur les communes de Beaune, Chambolle, Aloxe, Gevrey, Vougeot, Vosne ou Puligny. Egalement propriétaire à Chablis, la famille a exporté son savoir-faire aux Etats-Unis où elle a acquis en 1988 un domaine dans l’Oregon d’où proviennent de remarquables pinots noirs.

Le cru

Le Clos des Mouches est un Premier Cru situé tout au Sud du vignoble beaunois, précisément à la frontière des terres rattachées à Pommard. Ce clos, bien ensoleillé, abritait jadis des ruches d’où son nom de « mouches » (les abeilles étaient appelées « mouches à miel»). Bien orienté (Est/Sud-Est), situé à mi-coteau, constitué de sols légers et chauds (argiles, calcaires et cailloux), ce cru produit des vins parmi les plus amples de la commune. Avec 14 hectares, la maison Drouhin est le premier propriétaire du Clos qui compte en tout 25 hectares, plantés en pinot noir et en chardonnay. Maurice Drouhin, fils du fondateur, les a acquis parcelle par parcelle dans les années 1920.

Le vin

Dans ce cru, la maison excelle dans les deux couleurs mais le blanc a beaucoup fait pour sa réputation et fait partie des grands de Bourgogne. La vinification privilégie la vivacité et le fruité du vin mais son gras et la définition de ses arômes nous rappellent la nature du terroir qui les a vus naître. La matière se montre souvent mûre et expressive avec beaucoup de personnalité. C’est un vin puissant, ample, bien structuré par une belle acidité qui prolonge les saveurs. Le bouquet mélange avec bonheur un fruit classique, des notes plus épicées et un boisé toujours justement dosé. Ce vin qui séduit dès sa jeunesse gagnera en expression après quelques années de garde.

Domaine de Montille, Volnay 1er Cru Les Taillepieds

Le décès prématuré de son père poussa Hubert de Montille, alors âgé de 17 ans, à assumer seul la charge du domaine qui s’étendait dans les années 1940 sur 2,5 hectares. La petitesse du domaine contraignit très vite Hubert de Montille à chercher une autre source de revenus et il migra à Paris pour se former au métier d’avocat. Gardant un œil sur l’exploitation, il impliqua de plus en plus ses enfants qui assument désormais la direction des affaires. Alix et Etienne de Montille produisent des vins dont le style est facilement reconnaissable, assez austères dans leur jeunesse puis délicats et extrêmement raffinés au vieillissement. Avec les acquisitions récentes, le domaine s’étend sur 17 hectares avec une belle série de Premiers Crus et Grands Crus sur les communes de Volnay, Pommard, Beaune, Vougeot, Vosne-Romanée et Nuits-Saint-Georges.

Le cru

Les vins issus de l’appellation communale Volnay, dans la Côte de Beaune, ont longtemps compté parmi les plus prisés de Bourgogne. Distingués, attachants, ces vins ont conquis les cœurs et les gosiers de bien des personnalités dont Louis XI, Bossuet ou Thomas Jefferson. Avec ses 7,16 hectares, le Premier Cru Les Taillepieds fait partie du peloton de tête de cette commune qui ne possède pas de Grand Cru. Il occupe une position à mi-pente et prend appui sur un sol de calcaire blanc argovien très léger. Le vin en tire une grande délicatesse, des parfums séduisants et surtout une belle complexité quand le temps a fait son œuvre.

Le vin

La parcelle de Volnay Les Taillepieds détenue par le domaine couvre 78 ares pour une production annuelle de 3 500 bouteilles. En cave, Hubert de Montille a longtemps usé de cuvaisons longues qui donnent des vins fermement structurés et assez lents à se défaire de leur austérité de jeunesse. Son fils a conservé la patte des Montille tout en adoucissant les structures. Les volnays sont souvent des vins plus délicats et plus précoces que les autres grands de Bourgogne. Ce Taillepied, bien que ferme, possède un vrai charme de jeunesse, des parfums d’une belle pureté, soutenus mais jamais dominés par l’élevage. Avec le temps, il révèle tout son potentiel à travers une grande complexité et des arômes magnifiques d’évolution. Un vieux Volnay du Domaine de Montille prouve que ces vins, bien vinifiés, offrent un magnifique potentiel de garde.

Champagne Bollinger Spécial Cuvée

La tradition familiale est solidement implantée dans cette Maison qui a su préserver son indépendance et maintenir un niveau d’exigence qui en fait l’une des plus réputées de Champagne. Créée en association en 1829 par Paul Renaudin et Joseph-Jacob-Placide Bollinger, un wurtembergeois, la Maison « Renaudin, Bollinger et Cie » fut dirigée successivement par les fils et petit-fils de Joseph Bollinger. A partir de 1941 s’ouvre une période faste sous l’énergique direction de Mme Lily Bollinger qui se retrouve seule à la tête de l’entreprise. A l’instar d ‘autres célèbres veuves, elle demeure la figure de proue de la Maison. On lui doit à la fois la prospérité et l’affirmation d’un style qui fait de cette Maison un monument du patrimoine champenois.

La Maison

La Maison s’appuie sur un solide patrimoine foncier constitué de 160 hectares de vignes dont 80% sont situés dans les Premiers et Grands Crus de la Champagne avec quelques parcelles pré-phylloxériques à l’origine d’une cuvée rare et chère (Vieilles Vignes Françaises). Les achats de raisins ne représentent que 40% de l’approvisionnement total. Installée à Aÿ, fief de grands pinots noirs, la maison offre une gamme d’un très haut niveau dominée par le pinot noir et vinifiée partiellement en fûts (âgés). Bollinger, c’est avant tout la pérennité d’une style affirmé de vins charpentés, vineux, à fort caractère, que l’on reproduit sans faire de concession aux modes ou aux opportunismes. Cette philosophie, de plus en plus rare en Champagne, fait d’elle une référence absolue.

Le vin

Le Brut sans année de Bollinger passe actuellement pour le plus grand et le plus régulier des vins de sa catégorie. Il est élaboré à partir d’une dominante de pinot noir (60%), assemblé au chardonnay (25%) et au pinot meunier (15%). Une de ses spécificités réside dans la qualité des vins de réserve, jusqu’à 10%, dont une partie significative est vieillie en magnum pendant 5 à 12 ans. Elle est également l’une des rares Maisons à utiliser exclusivement les meilleurs jus issus du pressurage (la « cuvée ») et à mener, partiellement, la première fermentation en barriques (âgées). La qualité de la matière première et le dosage modéré contribuent à cette association paradoxale d’amplitude et de fermeté, de puissance et de droiture, qui caractérise cette cuvée au nez riche et complexe, capable de vieillir de façon remarquable.

Château Latour, 1er cru classé, Pauillac

Des gloires bordelaises, le Château Latour fait incontestablement partie du gotha.

L’histoire

Célébré dès 1855 lors du fameux classement des vins du Médoc, le Château Latour n’a depuis que renforcé sa réputation de vin d’exception. Les origines du domaine remontent à 1331. La place forte d’origine fut détruite pendant la guerre de 100 ans mais une tour, remaniée au XVII ème siècle, subsiste aujourd’hui, et fournit à la fois le nom et le symbole du Château. Le château lui-même n’est guère grandiose. Juste une grande maison bourgeoise du XIX ème siècle, peu visible de la route. Sur ces terres, les premières vignes ont été plantées vers 1680, à une époque où le Médoc ressemblait encore à une vaste friche marécageuse. Propriété de la famille Ségur jusqu’en 1784, il changea de mains à plusieurs reprises, avant d’être racheté en 1868 par le baron James de Rothschild pour la somme déjà faramineuse à l’époque de 4,5 millions de francs. La famille doit pourtant céder le domaine un siècle plus tard à un groupe britannique qui mène une ambitieuse et salutaire politique de modernisation. En 1993 le rachat du château par M. Pinault met fin à « l’occupation anglaise ».

Le vignoble et le vin

Dominant l’estuaire de la Gironde, le vignoble de 78 hectares est centré autour du château. Le cœur du vignoble, appelé « l’Enclos » est constitué de 47 hectares de vieilles vignes (certaines centenaires) plantées dans des sols pauvres, formés d’épaisses couches de grosses graves dont la taille évoque plus des galets que les graviers habituels du Médoc. La qualité de ce terroir chaud et très bien drainé est taillée pour le cabernet-sauvignon qui occupe près de 80% du vignoble, proportion rarement atteinte par les autres grands du Médoc. Le vin en tire une structure imposante, des tanins fermes assouplis par un long élevage (18 mois) en fûts neufs. Latour a, depuis ses origines, une haute réputation de vin de longue garde, plutôt austère dans sa jeunesse, mais capable d’évoluer vers une finesse incomparable. Les grands millésimes du Bordelais ont produit ici de mémorables bouteilles mais le château possède la particularité de réussir dans les années moyennes, ce qui fait la joie d’amateurs un peu moins fortunés qui peuvent se procurer des flacons de Latour à des prix plus abordables. Latour donne toujours une impression de grande fraîcheur et de puissance retenue, avec une finesse de bouquet à peu près unique. Le second vin, « Les forts de Latour », est du niveau d’un cru classé et reste une très belle introduction au style du Grand Vin dont le statut de mythe n’est pas usurpé.

Cristal de Roederer, un champagne mythique

Le vin de Champagne est déjà en vogue lorsqu’un rémois, Mr Dubois, fonde à Reims, en 1776, un commerce de vins. L’affaire prospère et Nicolas Schreider rachète la Maison en 1830. Nicolas Schreider s’adjoint rapidement les compétences de son jeune neveu, Louis Roederer, qui hérite de l’affaire et la rebaptise à son nom. Longtemps très liée au marché russe, la Maison souffrira de la révolution de 1917. De 1933 à 1975, Camille Orly Roederer, dernière des Roederer, s’emploie au redressement de la Maison. Femme d’affaire énergique, elle est notamment à l’origine du magnifique vignoble que détient aujourd’hui la Maison. La famille Rouzeau, qui descend de Louis Roederer, a pris sa suite : Jean-Claude Rouzeau, fin œnologue qui fit beaucoup pour affirmer le style Roederer, puis sont fils Frédéric depuis 2006.

Le vignoble

Le premier atout de la Maison Louis Roederer, établie à Reims, réside dans la composition exceptionnelle de son vignoble : 214 hectares dont 130 dans les grands crus de la Champagne (Avize, Aÿ, Verzenay, Cumières, Cramant, etc). Les achats de raisins ne représentent que 30% du volume total, niveau exceptionnellement faible parmi les Grandes Marques. Les pratiques viticoles, dont une maîtrise des rendements particulièrement draconienne et pas toujours prioritaire en Champagne, visent à obtenir un fruit à la fois sain et concentré. Une même exigence prévaut dans le chai où les pratiques tiennent toujours compte des aptitudes du millésime. L’ensemble de la gamme atteint un niveau de qualité vraiment exceptionnel avec un brut sans année, de longue garde, qui figure parmi les meilleurs de sa catégorie.

Le vin

Voici la cuvée sur laquelle s’est bâtie la légende Roederer. Le tsar Alexandre II, fidèle des champagnes Roederer, exigea en 1876 qu’on lui expédie les vins dans des flacons personnalisés. La Maison lui fit donc parvenir les vins dans des flacons de cristal incolores. La légende « cristal » née à cette occasion a ensuite survécu à la déchéance des tsars. L’assemblage associe le pinot noir (55%) et le chardonnay (45%) provenant des grands crus de Verzenay, Le Mesnil, Avize, Chouilly, Aÿ ou Mareuil. Ce vin est un monument de délicatesse et de dentelles. Il allie des arômes profonds de fruits secs et de brioche à un fond vineux et riche en matière. D’une grande complexité, le temps est son allié. Rarement mis sur le marché avant six années de vieillissement, il lui en faut davantage pour exprimer tout son potentiel.

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