Le vin, une valeur refuge ?

Le vin, une valeur refuge ?

Pour ceux qui ne seraient pas encore au courant, c’est la crise. On vous le serine 100 fois par jour sur les ondes, les plateaux et à la une des journaux.

Les économistes et les spécialistes des marchés squattent les antennes et les éditoriaux, rivalisent de prospectives alarmistes tout en concluant que, dans le fond, ils ne savent pas de quoi demain sera fait. En attendant, la presse s’emballe et on évoque 1929 et son jeudi noir, ses banquiers qui se jettent par la fenêtre, les queues interminables devant les soupes populaires, la montée d’Hitler au pouvoir, jusqu’à la guerre de 1939. N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Si vous n’aviez pas encore eu le bon goût de vous en rendre compte vous-mêmes, vous savez maintenant qu’elle est là, à votre porte, qu’elle vous guette, et qu’elle attend la moindre opportunité pour s’inviter chez vous.

En ces temps de pessimisme effrayant qui nourrit la crise, étant bien entendu que celle-ci est produite autant par des mécanismes concrets que par leur anticipation, on cherche des valeurs refuges. Les bourses sont devenues épileptiques, l’immobilier s’écroule, même les cours du pétrole que l’on  nous décrivait comme structurellement et définitivement en hausse sont en berne, et il n’est plus de très bon ton de spéculer sur le blé ou le riz en ces temps de famine naissante en Afrique et en Asie. Heureusement, il reste le vin qui serait un bon investissement. C’est ce qu’explique Michel Tamisier, en charge du fonds d’investissement luxembourgeois Nobles Crus, au Journal des Finances[1]. Un fonds spécialisé dans les très grands vins dont le droit d’entrée est fixé à 125 000 euros minimum. Ce n’est donc pas pour vous et moi, probablement ! Son cours aurait grimpé de 17,4 % depuis le début de l’année. On est très content pour lui, mais en ces temps de totale démesure, de marchés fous, de sommes mirobolantes, pourrions-nous regarder le vin autrement que comme un refuge pour la spéculation, et le considérer pour ce qu’il est ? Ouvrez une bonne bouteille, plongez-y le nez, sentez les parfums et laissez-vous transporter, puis vivez sa texture et l’intensité de ses saveurs, vives ou affinées, fruitées ou boisées, droites ou voluptueuses. Sans oublier surtout de partager ces émotions avec vos proches. Un plaisir simple, accessible, crise ou pas crise, qui sollicite nos sens, notre mémoire, et qui nous lie à l’instant, au présent et aux autres, insensible aux lendemains supposés noirs. Alors oui, dans ce sens là, le vin est bien une valeur refuge.


[1] Relevé dans la revue de presse de Catherine Bernard (http://www.vitisphere.com/dossier.php?id_intertitre=52854&id_dossier=49905)

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