Beaujolais Nouveau : le retour aux sources
Beaujolais Nouveau : le retour aux sources

Beaujolais Nouveau : le retour aux sources

Le phénomène Beaujolais Nouveau n’est pas une pure invention marketing des temps modernes. Il est l’héritier d’une tradition, oubliée et très ancienne, qui faisait que les vins (sauf quelques liquoreux) se vendaient très vite après les fermentations, parfois encore « frémissants », vu l’impossibilité de bien les conserver avant l’arrivée des bouteilles industrielles et de l’usage du soufre. Les seuls vins marchands étaient donc ces vins que l’on appelle aujourd’hui « primeurs », fraîchement fermentés. Jusqu’au XVII è siècle, la majorité des vignerons n’avaient pas de caves, investissement couteux et inutile puisque l’enjeu pour les producteurs était de se débarrasser des vins nouveaux pour qu’ils ne deviennent pas vieux, et donc difficilement vendables. Avec un peu d’imagination, les beaujolais nouveaux (et autres primeurs), avec leurs arômes intenses de ferments et de raisins, sont sans doute les vins qui se rapprochent le plus de ceux que buvaient nos lointains aïeux.

Aujourd’hui, cette fête bachique moderne doit, très probablement, une part de son succès populaire à ce style de vins très directs et faciles mais aussi à la période de l’année et à la météo connexe de l’hémisphère nord. L’été est loin, les jours se raccourcissent rapidement, le froid arrive et les fêtes de fin d’année ne sont pas encore là. Le prétexte pour conjurer la déprime et illuminer les idées noires tombe très bien. J’ai toujours aimé ce moment festif, sans nier le tort que cette grosse promotion collective a pu faire à l’image des vins de toute cette région, dont une bonne partie possède des qualités bien au-delà du simple « fruité, bu et pissé ». Mais chaque médaille a son revers, et la simplification de l’image des vins de toute une région, avec ses nuances, ses variations, ses capacités et expressions différentes, ont été, pendant longtemps, noyés sous le flot de ce vin simple et gai, mais un peu trop uniforme par moments. Je crois que cette période est révolue, et je l’espère de tout cœur. Les nombreux producteurs de qualité de cette belle région le méritent amplement. J’ai pu le vérifier avec une dégustation de quelques cuvées, dont celles de l’impeccable Jean-Marie Chermette (domaine du Vissoux) et celles d’une association réunissant une vingtaine de vignerons indépendants du Beaujolais et du Mâconnais (www.terroirs-originels.com/) : des vins assurément primeurs, mais ni simplistes, ni monolithiques, et issus d’un grand  millésime dans la région.  

Sélection

Beaujolais Nouveau 2014, 1829, Emmanuel Fellot (7,50 €) : Frais et délicat avec une superbe qualité de fruit. Un vin fin et léger, à lamper avec bonheur.

Beaujolais Villages Nouveau 2014, 1829, Emmanuel Fellot (7,50 €) : Possède la même belle qualité de fruit mais aussi une structure plus présente et, logiquement, davantage de longueur. Une très belle cuvée qui nous entraîne loin des poncifs encore et toujours attachés à ce type de vin.

Beaujolais Nouveau 2014, Robert Perroud (7,50 €) : Le nez est splendide, très expressif. En bouche cela se confirme  avec un bouquet de fruits frais, d’une gourmandise parfaite. Le  Beaujolais Nouveau idéal et délicieux.

Beaujolais Villages Nouveau 2014, Lucien Lardy (8,50 €) : Encore un délice, mais qui possède un peu plus de fond et de structure que le vin précédent. Garçon, un autre verre !

Contact : Terroirs Originels – tel : 04 74 69 53 82

Beaujolais Nouveau 2014, Domaine du Vissoux, Les Griottes : Nez pimpant, bouche vibrante et dynamique, au fruit coulant et acidulé. Un bonheur.

Beaujolais Villages Nouveau 2014, Domaine du Vissoux, Vieilles Vignes : plus d’intensité et de richesse : le fruit rouge tire sur le noir, avec des notes automnales de sous-bois. Du fruit toujours mais aussi une petite structure tannique qui permettre une petite garde.

Contact : www.chermette.fr

Photo : Emmanuel Fellot, Robert Perroud, Lucien Lardy

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