Le bouchon en liège
Les bouchons en liège

Le bouchon en liège

Histoire du bouchon

J’émets des réserves sérieuses, basées sur 30 ans d’expérience, quant à l’efficacité de ce système de fermeture des bouteilles de vin, mais les bouchons existent, massivement, et cela depuis longtemps ; je vais donc essayer de me borner aux faits.Les Romains utilisaient du liège, avec d’autres substances comme la poix (de la résine de sapin) ou le plâtre pour sceller leurs amphores. Puis, concernant le vin, l’usage du liège a quasiment disparu dès que le tonneau a remplacé l’amphore et cela jusqu’au XVII ème siècle.  Les premières et rares bouteilles étaient bouchées par d’autres matériaux : la paille, le chanvre, l’argile, le plâtre, la cire et le bois par exemple.  On pouvait utiliser ponctuellement le liège pour fermer les barriques même si on lui préférait des bouchons en bois tenus par du jonc ou de la paille.

Le liège, encore rare, est devenu plus courant grâce à l’essor du commerce entre l’Angleterre et le Portugal à partir du XVII ème siècle. C’est également pendant cette période que l’on apprend en Angleterre à produire des bouteilles moins chères et plus résistantes. La rencontre de l’un et de l’autre allait se faire au siècle suivant, même si les débuts n’ont pas été faciles comme nous le dit l’anglais Worlidge en 1676 (« Traité du cidre ») : «Une grande quantité de boisson est rendue imbuvable par la seule utilisation de bouchons de mauvaise qualité. En conséquence, il faut préférer des bouchons de verre». Néanmoins, le bouchon de verre dépoli ne tarda pas à disparaître parce qu’il était trop cher à produire et difficile à extraire, au risque de casser la bouteille. Jusqu’à récemment (avec le système de Vinoloc dont je vous parlerai une autre fois), il restera un objet de luxe dont on trouve trace même aujourd’hui avec les carafes.

Le bouchon de liège s’est définitivement imposé en grande partie par son faible coût. Jusqu’au milieu du XIX ème siècle, les vins vendus en tonneaux dans les caves des particuliers étaient mis en bouteilles sur place par les tonneliers. Dès 1870, les négociants en vins ont commencé à vendre des vins en bouteilles. Les producteurs n’ont suivi que longtemps après. Le premier château du Bordelais qui imposa la mise en bouteilles de tous ses vins à la propriété fût le château Mouton Rothschild en 1924. Plus tard, et très progressivement, on s’est mis à mettre en bouteille une proportion croissante de vins, nécessitant une très forte augmentation de la production de liège destiné aux bouchonniers.

Les alternatives au bouchon traditionnel

Après avoir parlé du bouchon en liège et de son histoire, et fourni un bref regard ensuite sur le marché actuel du bouchage des bouteilles de vin, je passe en revue avec un peu plus de détails techniques les alternatives au bouchon en liège massif.

Le bouchon en liège aggloméré

Il est obtenu à partir d’un granulé de liège. Ces morceaux sont pressés et collés avec une colle spéciale. Ses caractéristiques sont différentes de celles du bouchon en liège naturel, car on élimine ainsi une partie des risques qui sont inhérents au liège massif (TCA, et une bonne partie de la variabilité en termes de porosité). Le principe de fabrication, après collage, est généralement l’extrusion de bâtons qui sont coupés à la longueur souhaitée puis adaptés par ponçage au diamètre définitif. Une variante est le bouchon Un+Un, qui colle des bouts de liège massif sur la face interne d’un bouchon en aggloméré. On en voit beaucoup en Champagne. En revanche, cela n’empêche pas le goût de bouchon.

Le bouchon en plastique

Selon la matière et le fabricant, il y a différentes techniques pour la production de ces bouchons qui utilisent différents matériaux dont le polyéthylène.

Il existe des bouchons « extrudés », découpés dans un spaghetti de 22 mm de diamètre, possédant une structure cellulaire homogène et des extrémités poreuses. Ils assurent des conditions homogènes de conservation pour un même lot d’embouteillage mais laissent en contact le vin et le plastique quand la bouteille est en position horizontale. Les bouchons « injectés », fabriqués par moulage de mousse synthétique, n’ont pas la même homogénéité mais possèdent des extrémités fermées. Il existe enfin depuis peu des bouchons mixtes combinant une structure mousseuse régulière (comme l’extrusion) et des extrémités fermées (cf. injection).

Le bouchon en plastique est très utilisé pour les vins d’entrée de gamme destinés à être bus rapidement. Outre les questions d’image, le plastique se rétractant avec le temps, il n’est pas adapté aux vins de garde.

La capsule à vis

La capsule à vis est composée d’une coiffe métallique (généralement en aluminium) et d’un joint d’étanchéité écrasé ou posé entre la coiffe et le sommet du col de la bouteille. C’est ce joint qui assure l’étanchéité ; sa composition est assez sophistiquée et peut varier d’un modèle à l’autre, en fonction du type de vin par exemple. Ces joints existent en divers matériaux comme par exemple le liège, le polyéthylène, le Saranex ou la feuille d’étain. La capsule offre beaucoup d’avantages : facilités de manipulation, pas de goût de bouchon ni d’oxydation précoce. Les vins d’un même lot d’embouteillage évoluent ainsi de façon très homogène. Pour les vins de garde, même si le recul est encore insuffisant, la capsule à vis ralentit le processus de vieillissement des vins qui conservent plus longtemps la fraîcheur de leur jeunesse. En Australie et en Nouvelle-Zélande, la capsule a vis est devenu très majoritaire ; en France, son succès reste très modeste et limité à quelques vins blancs ou rosés destinés à être bus jeunes. Les résistances sont avant tout d’ordre psychologique.

La capsule couronne

C’est celle utilisée pour la bière, des cidres et certains vins pétillants car elle permet d’éviter, une fois de plus, les risques du goût de bouchon.

Le bouchon en verre

C’est un cylindre de verre, comme sur des carafes, mais avec un ajustage parfait et un anneau d’étanchéité en matière plastique qui maintient le bouchon, tout en permettant de le retirer et de le remettre facilement. On le protège par une coiffe en métal fin, généralement en aluminium. Ce système, appelé le « Vino-Lok », est assez répandu en Allemagne et en Autriche, très peu en France. C’est très élégant et, je crois, impeccable sur le plan technique. Par son coût, il est réservé à des vins dont le prix dépasse généralement les 15 euros. ]

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