Vinsobres, l’option fraîcheur en Côtes du Rhône
Vinsobres, qui est devenu un cru à part en 2006, est situé à l’extrémité Nord de la vaste région du Rhône Sud, dans la Drôme Provençale. Avec la proximité des Alpes et du Mont Ventoux, les altitudes, qui culminent à 450 mètres, en font une zone viticole où les cépages du Sud mûrissent plus lentement qu’ailleurs et produisent moins d’alcool. C’est un avantage indéniable et cela n’a pas échappé à certains, notamment à la famille Perrin (de Beaucastel), devenue un acteur et propriétaire important dans cette petite appellation en expansion. Si l’aire de l’AOP couvre quelques 1 400 hectares, tout n’est pas encore en production, mais cela ne saurait tarder étant donné le succès commercial de ses vins. Grenache et syrah sont les cépages dominants, avec un apport minoritaire et ponctuel de mourvèdre, cinsault ou carignan. La relative fraîcheur du climat, et surtout des nuits, apporte une dimension de finesse et de croquant bien présente dans la majorité des vins dégustés.
Pour ne rien gâcher, le cadre est très séduisant avec une alternance de collines, de coteaux et de terrasses enserrés par des forêts qui occupent les lisières, les creux et les sommets. Paysage roulant, parfois escarpé, dont la beauté sauvage est nappée et adoucie par ces cultures diverses : ici et là subsistent quelques oliviers qui ont échappé au grand gel de 1956, des chênes truffiers et des champs de lavande. Quelques 900 hectares de bois y sont protégés depuis longtemps, à la grande joie des chasseurs et des vignerons. Autre fait louable et bien plus rare : il est interdit de construire dans l’aire de l’appellation comme dans les parties boisées, ce qui évite à ce beau paysage le triste spectacle du mitage qui en gâche tant d’autres. Le village de Vinsobres est classiquement perché le long d’une crête, regardant le Mont Ventoux. Le travail de délimitation de l’appellation semble avoir été fait avec soin et sérieux. Une des règles pour l’inclusion d’une parcelle dans l’aire était son orientation qui doit «voir» le Ventoux, assurant maturation des raisins même sur les hauteurs. Les sols sont de nature et de profondeur assez variables, comme dans toute situation où l’érosion a oeuvré sur un certain chaos géologique : safres, petits cailloux, galets et argiles, dans des proportions variables et sur un socle essentiellement calcaire qui affleure par endroits.
Ma dégustation de Vinsobres (millésime 2010)
Sélection des meilleures cuvées sur une série de 38 vins dégustés à l’aveugle, tous rouges (nécessairement) et tous issus du millésime 2010. La fourchette de prix allait de 5 à 25 euros, avec une nette majorité de vins à moins de 11 euros (prix départ TTC). Aucun des vins vendus à plus de 16 euros ne justifiait franchement son surplus de prix.
Vins à boire jeunes dans les 3 ans
Union des Vignerons des Côtes du Rhône (Cave du Prieuré), Terre d’Empreinte
9,20 € – Matière serrée mais très juteuse qui illustre l’heureuse combinaison entre ce méso-climat et les cépages grenache et syrah, par sa fraîcheur et sa structure. Une austérité de bon aloi qui lui donne une capacité de garde de 2 ou 3 ans au moins.
Domaine Jaume, Altitude 420
8,40 € – Avec 50 hectares, c’est un des domaines phares de l’appellation, dont j’ai souvent bien dégusté les vins. Cette cuvée (60% grenache et 40% syrah) provient de la zone dite «Les Collines ». Un nez pur et élégant, une bouche intense où la concentration naturelle du fruit s’associe à une très belle fraîcheur. Très bel équilibre.
Famille Perrin, Les Cornuds
9 € – 14,5/20 – Associant syrah et grenache (avec un élevage partiellement sous bois pour la syrah), une bien belle cuvée au nez très juteux, à la matière aussi vibrante que fraîche, à la fois mûre et équilibrée. Un vin délicieux qui incarne au mieux les caractéristiques de l’appellation.
Domaine Coste Chabrier
10 € – Assemblage de 60% grenache et 40% syrah. Le nez mêle arômes de fruits noirs et de sous-bois. L’impression est riche, intense, suave et complexe. La matière en bouche est superbe, avec un fruité succulent et beaucoup de fond. Harmonieux, bien équilibré et long, un des meilleurs vins de la dégustation à tous les niveaux de prix ! Remarquable.
Tel : 04 75 98 30 42
Domaine Le Puy du Maupas
10,5 € – Assemblage de grenache, syrah et mourvèdre, élevé en cuve. Le nez est très marqué par des arômes de cassis. La matière est moins raffinée et complexe que dans le vin précédent, mais ce vin possède une structure pointue et une belle fraîcheur. Un joli vin.
Tel : 04 90 46 47 43
Domaine Le Mirabeau
12 € – 70% grenache et 30% syrah pour ce vin au beau nez de fruit frais, avec de la finesse dans son toucher et une matière juteuse. Pas en force mais en élégance. Bonne longueur.
Domaine du Moulin, Charles Joseph
16 € – Nez intense et assez expressif, une fois un peu ouvert. La belle qualité de son fruit se confirme en bouche. Encore un bel exemple de maturité et d’équilibre. Vin très séducteur, moins structuré que d’autres mais redoutable de gourmandise.
Tel : 04 75 27 65 59
Vins à garder quelques années 2/3 ans, voire plus
Cellier des Dauphins, Signature
5 € – Ce n’est pas la première fois que des vins de cette énorme entité (association de 13 caves coopératives rhodaniennes) émergent dans des dégustations à l’aveugle. Cette cuvée est la moins chère de la série des 38 mais pas la moins méritante. Il est peut-être surprenant de trouver ce vin dans le groupe des vins de semi-garde, mais c’est ainsi que je l’ai perçu. Le nez est très mûr et le vin est intense, puissant, vibrant et long. Assez concentré et ferme, il demande un peu de temps de bouteille.
Domaine du Coriançon, Cuvée Claude Vallot
8,50 € – Un beau nez qui montre de la profondeur et une touche délicatement boisée bien intégrée. Le vin est très expressif en bouche, ferme avec une finale un peu sèche qui demande un peu de garde.
Pierre Amadieu,
Les Piallats
9,10 € – Cuvée issue de marnes argilo-sableuses et de grenache (80%) avec un peu de syrah en appoint. Un peu réduit au nez, sa matière très intense s’exprime très bien ensuite dans un style concentré et juteux. Cette concentration le destine, de préférence, à une petite garde avant de le déguster.
Domaine Autrand, Cuvée VS
9,50 € – Un des grands domaines de l’appellation (60 hectares). Une bien belle syrah, lentement mûrie, au nez aussi intense que complexe, floral et fruité. En bouche, c’est charnu, riche en saveurs avec une pointe d’amertume qui évoque le noyau de cerise. Très intense, presque luxuriant. Mérite une attente de 2 à 4 ans.
Domaine Jaume, Référence
11,80 € – Assemblage de syrah, grenache et 10% de mourvèdre, avec un élevage pendant 12 mois en barriques. Le nez est très intense, presque chocolaté. Malgré cette densité de matière, il y a beaucoup de fraîcheur dans ce vin qui aura juste besoin de quelques années de garde pour se révéler pleinement.
La Vinsobraise, Thérapius
13,50 € – Le nez fait preuve d’une élégance raffinée. La bouche est encore plus jolie, assez sophistiquée par la finesse de ses saveurs et de son toucher. Cette coopérative signe un des meilleurs vins de la série. Il sera parfait dans 2/3 ans, mais séduit déjà.
La Vinsobraise, Excellius
15 € – Autre cuvée de la même cave, tout aussi recommandable, même si je lui préfère la précédente, un peu moins chère.
Domaine Chaume Arnaud, La Cadène
15 € – Un nez magnifique, sombre et profond, mais bien équilibré car sans aucune impression de lourdeur. La texture est d’une suavité superbe et la fraîcheur de l’ensemble est parfaite. Tout cela met en valeur une grande qualité de fruit et équilibre une structure conséquente qui ne domine pas mais qui le destine à une garde de quelques années. Magnifique vin.
Tel : 04 75 27 66 85
Crédot photo : Vinsobres
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