Comment boire correctement autour de l’Eurostar ?
La période des fêtes de Noël m’a donné l’occasion d’aller en Angleterre par l’Eurostar et de comparer le traitement fait au vin des deux côtés de cette ligne trans-Manche. Ce qui m’amène aussi à une réflexion plus générale sur les manières de traiter le vin dans ces lieux de flux touristiques que sont les gares et les aérogares.
On peut trouver quelques vins servis dans un des cafés de la zone d’enregistrement de l’Eurostar à la Gare du Nord, mais ils ne sont ni très nombreux, ni d’une grande qualité, ni correctement mis en avant. Pour éviter de heurter la sensibilité des Français en les faisant débarquer à Londres, comme autrefois, dans la gare de Waterloo, les Anglais ont dépensé une fortune en creusant un tunnel sous la Tamise, de sorte que l’Eurostar arrive maintenant dans une autre gare, St. Pancras. Les Français sont soulagés, mais c’est une autre défaite qui les attend là-bas, dans le domaine du vin cette fois. La gare de St. Pancras est une énorme masse en brique, dans le style néo-gothique Victorien mais qui a été très bien modernisée. Elle abrite dans la grande galerie marchande un bar à vin nommé (oui, c’est en français) « desVins ». On y trouve aussi un bar à Champagne qui compte, tenez-vous bien, 120 références !
Dans le bar à vin, une quarantaine de vins sont proposés au verre, de toutes sortes et très bien choisis. Grâce à deux machines Enomatic, deux doses sont proposées : 12,5 cl et 17,5 cl. En guise de bulles, un prosecco et un champagne sont proposés, puis 4 rosés, 15 blancs et 17 rouges. Beaucoup de pays sont représentés et les vins sont groupés sur la carte selon leur style : léger et fruité, souple et savoureux, intense et puissant, etc… C’est intelligent et simple à comprendre. Les prix vont de £4 à £10 pour des verres de 12,5 cl, selon le vin, mais la grande majorité se situe entre £4 et £6. Ces vins proviennent de producteurs de bon niveau, la verrerie est impeccable et les vins sont servis à la température adéquate par un personnel aimable.
Du coup, arriver une heure ou deux en avance dans cette gare n’est plus une perte de temps et donnera l’occasion de faire un petit voyage oenologique. L’endroit devient du coup très fréquentable même si on ne prend pas le train, ce que l’on ne pourrait dire d’aucun établissement de la Gare du Nord !
J’avais déjà constaté les différences entre les traitements accordés au vin dans les aéroports entre Paris et d’autres capitales comme Rome ou Copenhague, par exemple. Dans l’aéroport de la capitale italienne, il y a des bars à vin d’excellent niveau dans plusieurs endroits, servant très correctement de bons vins et des mets de qualité. Rien de tel à Paris !
Je pose donc la question suivante : à quand un traitement équivalent pour le vin dans les principaux aéroports et gares de France ? Après tout, les vins et spiritueux de ce pays font partie des trois produits les plus rentables à l’export, et participent largement aux motivations des très nombreux touristes qui viennent chaque année dans ce pays. Pourquoi persiste-t-on à traiter le vin avec un tel dédain dans des lieux si fréquentés et qui sont, très souvent, le premier et le dernier contact qu’un visiteur aura avec ce pays ?
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