Que faut-il penser des classements officiels des vins ?

Que faut-il penser des classements officiels des vins ?

Le nouveau (re)classement des vins de Saint-Emilion vient d’être rendu public et déjà supporters et détracteurs bataillent ferme. Ils vont probablement ferrailler pendant des mois pour défendre leur poulain, admis ou recalé dans les rangs, sérieusement gonflés il faut dire, de ce classement 2012. Il semblerait, au regard de la liste, que les organisateurs aient voulu faire plaisir à tout le monde, cela pour éviter une autre série de procès qui risquerait de rendre la chose totalement caduque et inopérante. Il semblerait aussi qu’ils aient, pour l’essentiel, suivi la réalité du marché en classant les vins par leur hiérarchie de prix.

Mais, en ce qui me concerne, la question n’est pas là.  Mon image d’un vin et le plaisir que j’en tire en le buvant ne dépendent évidemment en rien de son rang dans un classement établi il y a 150, 50 ou 10 ans, ou même hier. Hormis Bordeaux, aucune région viticole du monde n’utilise ce système qui, il faut le dire, a un impact considérable sur les prix des vins, et, conséquemment, sur la valorisation foncière des domaines. Est-ce dire que tout cela n’est qu’une affaire d’argent ? Peut-être, et même probablement. Car comment comprendre ces systèmes autrement ?

Le classement de 1855 qui a déclenché cette frénésie bordelaise de tout classer n’était basé sur rien d’autre que sur la valeur marchande des vins concernés. Plus votre vin se vendait cher dans les transactions enregistrées au cours des dernières décennies, plus élevé était son rang. Il y avait là une certaine logique. Mais si l’on voulait le réactualiser sérieusement, il faudrait évidemment prendre tous les vins de la région et les classer selon ce seul critère. Cela sonnerait le triomphe brutal de la loi du marché mais au moins la chose serait cohérente et chacun aurait sa chance. En réalité, sur le plan local, le classement de Saint-Emilion ne semble pas faire autrement, même si ses critères sont un peu plus subtils (et donc plus critiquables car certains me semblent assez subjectifs).

Mais, à part l’ego des propriétaires classés et la valorisation foncière de leurs biens, à qui cela sert-il ? Au consommateur ? Peut-être celui qui achète des étiquettes et qui déguste suivant des a priori. Mais un tel classement ne peut en aucun cas servir de guide d’achat. D’ailleurs, qu’est-ce qui le peut ? Les guides annuels des vins qui sortent en ce moment ont tous leurs défauts, mais ils constituent, à leur manière nécessairement subjective et imparfaite, des classements globaux des vins d’un pays entier. Il sont de surcroît dynamiques et suivent de près les évolutions, dans la mesure où les domaines classés changent tous les ans.

Rien n’est parfait, mais je crois que je préfère, à un classement officiel établi par des gens du cru en question, un classement annuel fait par des gens qui n’en sont pas, même s’ils peuvent faire preuve d’aveuglement ou d’absence. Le premier est toujours une sorte d’auto-promo, le second est au moins un jugement indépendant, pour l’essentiel.

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