Les crus classés de Bordeaux rouges 2008
Du point de vue des conditions météo, 2008 n’est pas, sur le papier, le millésime idéal, ce qui est une bonne nouvelle quand on voit la frénésie des prix qui entoure les millésimes proclamés « grands », souvent dans des années chaudes et sèches (2000, 2003, 2005 et 2009).
2008, pas historique et c’est tant mieux
En 2008, à un printemps humide qui a perturbé la floraison a succédé un été en dents de scie : chaud et sec en juillet puis plus maussade en août. Comme souvent, l’arrière-saison allait être décisive, et elle fut belle : très ensoleillée et sèche, ce qui permit de combler le retard de maturité des raisins et de repousser la date des vendanges, jusqu’à fin octobre pour les derniers cabernets. Il s’agit donc plutôt d’un millésime frais, et cela se sent dans les vins avec, pour les bons rouges, un fruité fringuant et une acidité bien présente qui aiguise les tanins. Au printemps, les échantillons goûtés n’auguraient rien de bon, avec des vins durs et austères où on cherchait vainement le fruit. En novembre, les vins donnaient déjà plus de plaisir, mais il faudra patienter pour qu’ils perdent leur austérité de jeunesse. Les vins de la rive droite, à dominante de merlot, sont logiquement plus tendres et on y a trouvé de beaux rouges, complets, au fruité éclatant et frais. Sur la rive gauche, les cabernet-sauvignons sont plus rigoureux, de franchement austères à Pauillac à plus aimables à Margaux notamment. Les pessacs-léognans rouges et les sauternes n’ont pas été goûtés, les pessacs-léognans blancs l’ont été dans d’autres circonstances.
Des grands crus à prix soldés ?
N’exagérons rien, le niveau de prix atteint par ces châteaux en 2008 ferait rêver bien des bons producteurs de la région et d’ailleurs mais le millésime est sorti en primeur dans un contexte de crise, avec des prix qui ont brutalement dégonflé pour redevenir simplement plus raisonnables. Depuis, la spéculation est repartie de plus belle et le 2008 apparaît comme le meilleur rapport qualité/prix des millésimes récents : moins cher et au moins aussi réussi que 2006 et 2007, et bien loin des prix prohibitifs des primeurs 2009. 2008 reste donc une fenêtre intéressante pour ceux qui souhaitent se constituer une cave de vins de garde à prix décent, à condition évidemment d’avoir un lieu pour les stocker.
De manière générale, la frange la plus huppée du Bordelais semble faire fi d’une réalité qui pourrait se rappeler brutalement à elle, celle des progrès rapides et impressionnants de toutes les autres régions viticoles qui remettent en question les vieilles hiérarchies. On trouve dans beaucoup d’endroits – y compris dans les appellations moins prestigieuses de la région – des vins possédant classe, finesse et caractère, à des prix inférieurs à ceux des grands crus de Bordeaux. Ceux-là jouissent d’une rente de situation qui ne sera pas éternelle et il faudra autre chose que le « prestige » pour justifier auprès des amateurs les écarts de prix entre ces vins de Bordeaux et les autres. Mais tous les châteaux ne sont pas à mettre dans le même panier. Si les premiers crus classés et une poignée d’autres propriétés (qui ne proposent plus leurs vins dans les dégustations collectives de l’Union des Grands Crus de Bordeaux) surfent aujourd’hui sur les marchés émergents et leur franges ultra bling-bling prêtes à dépenser des sommes insensées pour des noms et des étiquettes, d’autres gardent les pieds sur terre. Dans le détail, nous avons retenu et noté une trentaine de châteaux. La courte liste de nos coups de cœur ci-dessous en est issue. Nous avons écarté pas mal de bons vins parce qu’ils ne justifient pas leur prix de vente : à plus de 50 ou 60 euros il faut exiger autre chose que du simplement « bon ».
Nos coups de cœur 2008
Nos notes de dégustation sont issues de la dégustation organisée par l’Union des Grands Crus de Bordeaux (UGCB) à Paris en novembre 2010. Elle rassemble la majorité des « grands châteaux » de la région de Bordeaux, entendez les vins les plus chers, provenant du Médoc, des Graves, de Saint-Emilion et de Pomerol, crus classés ou non.
- Château Troplong Mondot, Saint-Émilion Grand Cru Rouge 2008
- Château du Tertre, Margaux Rouge 2008
- Château Belgrave, Haut-Médoc Rouge 2008
- Château Cantenac Brown, Margaux Rouge 2008
- Château Lynch-Moussas, Pauillac Rouge 2008
- Château Branaire Ducru, Saint-Julien Rouge 2008
- Château Labegorce, Margaux Rouge 2008
- Château La Gaffeliere, Saint-Émilion Grand Cru Rouge 2008
- Château Giscours, Margaux Rouge 2008
- Château Marquis De Terme, Margaux Rouge 2008
Le millésime 2008 dans le Le millésime 2008 dans le bordelais et pas seulement pour les grands crus me semble être en effet un bon compromis entre prix et qualité pour une mise en cave. On peut aussi avoir de bonnes surprises à terme, dans les graves par exemple…