Fronsac, un vignoble à l’honneur
Remarque liminaire
Le titre de cet article relève d’une habitude communément admise, à savoir désigner l’ensemble du vignoble fronsadais par le vocable de Fronsac, lequel sous-entend qu’il recouvre les deux aires d’appellation Fronsac et Canon-Fronsac. Cela dit, dans la mesure du possible, j’ai fait en sorte de bien les distinguer dans mon propos, hormis dans des considérations d’ensemble.
Dans le propos qui suit, je n’ai pas voulu perpétuer le discours sur le défaut de reconnaissance qui a scellé le sort du vignoble fronsadais. S’il a eu de bons motifs pour être tenu jusqu’à un passé récent, ce lamento ne devrait plus être le refrain pour en parler aujourd’hui. Aussi, plutôt que de stigmatiser tous les facteurs qui ont fait que Fronsac et Canon-Fronsac n’ont pas bénéficié de la considération que ces appellations méritent à juste titre, j’ai décidé d’en faire un portrait à la mesure d’un ressenti globalement encourageant, et parfois réjouissant. Un regard suffisamment exhaustif sur leur production m’a permis un tel témoignage. Que tous les châteaux qui ont adhéré à mon enquête et à ses prolongements en soit remerciés.
Terroir
Situé à peu de distance au nord-ouest de la ville de Libourne, le vignoble de Fronsac fait partie de l’ensemble viticole du Libournais, au même titre que Pomerol et Saint-Emilion, tous proches les uns des autres. A bien des égards, sa topographie le rapproche de ce dernier, surtout par le plateau calcaire qui les couronne respectivement. D’où les immanquables comparaisons que suscitent des configurations similaires, dont il faut bien reconnaitre le bien-fondé quand il s’agit de souligner les atouts du terroir fronsadais. Afin de souligner un rapprochement aussi patent dans les limites de ce cadre, je me contenterai de citer une pédologie sommaire en schématisant l’étude notoire faite par Henri Enjalbert * sur les terroirs du Libournais, une référence en la matière.
Ainsi, Saint-Emilion et Fronsac partagent la morphologie d’un plateau de « calcaires à astéries », astéries désignant en l’occurrence des étoiles de mer fossilisées à l’ère géologique du tertiaire. Partagée par les aires de Fronsac et de Canon-Fronsac, le plateau dominant comporte ici ou là des émergences appelées tertres, qui animent sa topographie et forment les points parmi les plus élevés de tout le vignoble bordelais, culminant à 76 m au bien connu tertre de Fronsac. Au niveau des parcelles sises sur ce plateau calcaire, les sols présentent une complexité liée à leur évolution géologique. Ce sont ainsi des couches très superficielles résultant d’une désagrégation du calcaire dont les produits s’entremêlent d’argiles et de sables. A l’instar de Saint-Emilion, les coteaux découlant du relief en plateau résultent de son érosion et forment la partie visible d’un substrat de « molasses du fronsadais » **, intitulé devenu générique pour désigner une formation typique d’une ère géologique. Il s’agit de roches tendres argilo-sableuses ou argilo-limoneuses, pénétrables par le système racinaire de la vigne et sous-jacentes à des sols de natures diverses, principalement argilo-calcaires.
Je n’aborderai pas dans mon propos vulgarisateur d’autres aspects qui déterminent les spécificités du terroir fronsadais malgré leur rôle primordial comme facteurs de croissance de la vigne, ainsi l’ensoleillement et le régime hydrique. Cependant, une particularité du vignoble mérite d’être soulignée à une époque où les préjudices causés par des phénomènes climatiques ne sont pas des moindres. Il s’agit de sa situation à la confluence de la Dordogne et de l’Isle, qui a l’avantage d’amoindrir l’impact des épisodes de gel ou d’air froid, a fortiori au bénéfice des vignes situées à proximité de ces cours d’eau.
* Géographe et auteur d’un ouvrage de référence titré « Les grands vins de Saint-Émilion, Pomerol, Fronsac », publié en 1983.
** S’orthographie indifféremment molasse ou mollasse
Ci-dessous la photo d’une fosse creusée dans le vignoble du Château de La Dauphine, instructive sur la pédologie d’un terroir de coteau. Ainsi, à partir d’un sol superficiel pierreux de nature calcaire, on voit les radicelles formant l’enracinement de la vigne, puis un premier horizon constitué de molasses du fronsadais et leur faciès argilo-limoneux, puis un second d’argile bleue, dite de Castillon.
(Cliquer dessus pour l’agrandir en pleine page)
Cépages
En matière d’encépagement, Fronsac s’apparente à ses homologues du Libournais en privilégiant très nettement le merlot. Cependant, cette pratique qui prévaut dans tous les châteaux sans exception n’a pas valeur de règle dans le cahier des charges de l’AOC où les cabernets franc et sauvignon ainsi que le malbec font tout autant partie des cépages principaux. Cela dit, malgré ces aménagements, le merlot y règne sans partage en constituant aujourd’hui 80 % des superficies plantées. Il faut toutefois savoir que cette supériorité est relativement récente, puisque le cépage n’occupait que 60 % des surfaces autour des années 1980 *. L’engouement croissant suscité par le merlot au cours des dernières décennies semble toutefois s’atténuer à cause du réchauffement climatique, faisant que la maturité des raisins atteint aujourd’hui des sommets, avec pour corollaire des vins d’une opulence excessive, doublés d’un titrage alcoolique qui atteint parfois les 15 degrés ! Dans ces conditions, même en faible proportion, de l’ordre de 10 %, l’ajout de cabernet franc contribue sensiblement à un meilleur équilibre sensoriel, délestant favorablement l’effet de matière et donnant plus d’éclat au rendu du fruit. Obtenue sans compromis sur la maturité des raisins, cette impression de fraîcheur et de finesse, je l’ai observée dans les derniers millésimes de châteaux notoires où le style des vins s’est progressivement et avantageusement infléchi dans ce sens, grâce à un apport de ce cépage. Pouvant atteindre jusqu’à 30 % de leur composition, cette part accrue de cabernet franc a immanquablement nécessité de nouvelles plantations, propres à rapprocher l’encépagement du fronsadais de son schéma des années 1980, du moins dans les châteaux ayant adopté cette variante. Bien plus marginal que le cabernet franc dans les plantations, le cabernet sauvignon semble jouer un même rôle en insufflant une tension inhérente à son caractère au cœur des expressions .
* Chiffre cité par Henri Enjalbert dans son étude.
Canon-Fronsac, une lointaine histoire
L’aire d’appellation Canon-Fronsac a ceci de remarquable qu’elle se trouve comme enclavée dans celle de Fronsac, recouvrant seulement 250 ha contre 800 à celle qui l’encadre. Cette distinction remonte à loin dans l’histoire et à son avantage, puisqu’elle est citée élogieusement dans un témoignage datant de 1816 *, précieux dans le sens où il dresse un état des lieux exhaustif de la viticulture mondiale à cette époque. Sa mention mérite d’être reprise dans son intégralité, comme suit : « La Côte de Canon, sur la rive droite de la Dordogne, en face du passage de Saint-Pardons, dans la commune de Fronsac, fournit des vins qui ont beaucoup de légèreté, de finesse et de spiritueux ; ils sont plus précoces et n’ont pas l’âpreté qui caractérise les vins du Médoc. Ils vont de pair et se vendent le même prix que ceux de Saint-Estèphe. » Ce n’est pas tout, puisque dans sa hiérarchie des vins de Bordeaux, il place les vins de Canon en « Troisième Classe », soit au même niveau que ceux des appellations communales médocaines, en l’occurrence Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe. En 1868, on retrouve une mention du même ordre au bénéfice des produits du « beau coteau de Canon », dans le fameux guide Féret **. Et c’est en 1928, lors des préliminaires aux appellations d’origine que son vignoble bénéficie d’une délimitation rigoureuse sur les communes de Fronsac et de Saint-Michel-de-Fronsac. L’AOC lui sera décernée en 1939 sous la dénomination « Côtes de Canon Fronsac », simplifiée en « Canon-Fronsac » en 1964. Malgré une enviable considération acquise au fil d’une longue histoire, l’AOC Canon-Fronsac n’est pas pour autant mieux lotie que sa voisine dans les temps présents. Unie dès lors dans une même destinée, en quoi ces appellations jumelles diffèrent-elles ?
* André Jullien, « Topographie de tous les vignobles connus… »
** « Bordeaux, ses environs et ses vins classés par ordre de mérite » par Charles Cocks et Edouard Féret.
Fronsac, Canon-Fronsac, quelles différences ?
Dans des considérations sur leur terroir respectif, on pourrait dire que Fronsac et Canon-Fronsac sont des appellations siamoises avec de fortes similitudes en ce qui concerne les formations qui les caractérisent. Ainsi, une appréciation de leurs différences dans ces termes est d’autant plus difficile à établir que l’aire de Canon-Fronsac recouvre à la fois des versants de molasses, certes minoritaires, et des parties sur le plateau calcaire. Dans une telle approche, seule une analyse topique au niveau des couches supérieures permettrait peut-être de mieux les discerner. En tout cas, la réputation historique de Canon-Fronsac le doit tout de même à son assise naturelle dont les dons ont été exploités par bien des générations de vignerons. Il y a donc comme une logique à son destin, une émulation, et pourquoi pas une fierté, entretenue au fil du temps jusqu’à nos jours. Sans invoquer une notion de supériorité, force est de constater que la délimitation correspondant à l’aire de Canon-Fronsac a permis d’isoler un territoire propice à une viticulture de qualité. Les anciens avaient ainsi repéré empiriquement ce que des critères plus scientifiques confirmeront ultérieurement.
Sachant cela, peut-on dire aujourd’hui que les vins produits aujourd’hui sur Canon-Fronsac soient le reflet d’un passé glorieux ? Mon humble opinion sur cette délicate question est fondée sur une dégustation comparative de dix canon-fronsacs du millésime 2020, qui a révélé un profil d’ensemble remarquablement homogène, tendant à montrer le bien-fondé d’une unité de terroir. Et parmi les qualités communes à tous ces vins, j’ai surtout retenu une remarquable fraîcheur de constitution qu’approchaient, il est vrai, certains fronsacs évalués concomitamment, mais qui toutefois n’avaient pas leur cachet d’élégance. Un caractère tannique globalement plus marqué empêchait ces derniers d’atteindre une telle distinction, ce qu’il faut interpréter comme une marque de leur identité et non comme un critère de dépréciation. Au-delà de ces remarques élémentaires qui ont un tant soit peu valeur de témoignage, il faut admettre qu’une évaluation plus exhaustive et confondant les deux appellations aurait sans doute mieux cerné leurs différences. Mais après tout, il ne faut pas perdre de vue le facteur vigneron, c’est-à-dire l’interprétation que donne chaque château au produit de ses vignes, quelle que soit leur localisation, surtout que le fronsadais rassemble pas moins d’une centaine d’acteurs, toutes appellations confondues !
« Expression de Fronsac », cap sur l’excellence
Le proverbe « l’union fait la force » s’appliquerait volontiers à ce groupement de propriétés ayant statut d’association et œuvrant pour la bonne cause de Fronsac et de Canon-Fronsac depuis le 1er janvier 1988. Il s’agit d’une alliance de châteaux parmi les plus en vue à l’époque de sa création et qui le restent aujourd’hui après bientôt 40 ans ! Ce constat remarquable concerne tous ses membres, excepté les rares qui l’ont quitté entre-temps, cédant leur place à quelques autres triés sur le volet. Les motivations à l’origine de ce rassemblement singulier sont à mettre en relation avec le manque de notoriété de Fronsac et de Canon-Fronsac auprès de l’establishment bordelais, autrement dit un négoce omnipotent. Aussi, afin d’attirer son attention, les propriétés en question se sont-elles cooptées sans règles explicites, nanties d’une réputation locale, gagnée par la qualité de leurs vins en regard d’une moyenne qui était alors loin d’avoir bonne presse.
La longévité d’une telle entente et l’étroitesse des échanges qu’elle a immanquablement engendrés entre ses membres ferait croire à un nivellement du style de leurs vins. Or il n’en est rien, loin s’en faut, avec pour meilleure preuve l’évaluation faite par mes soins des œuvres de 7 châteaux sur les 12 formant aujourd’hui « Expression de Fronsac ». Et quant au devoir d’excellence qu’ils s’imposent depuis toujours, ils le remplissent on ne peut mieux puisque ces mêmes nominés trustent largement mon tableau d’honneur, établi dans un esprit d’équité et avec la méthode qu’il sous-entend. La plupart des membres de ce cercle vertueux sont signalés dans le propos qui suit, au gré des portraits qui les concernent. Et pour ceux absents de mon palmarès, que l’on se rassure, leur évaluation n’est pas entré en ligne de compte pour la simple et bonne raison qu’ils ont omis le rendez-vous auquel ils avaient été pourtant conviés…
Les châteaux à l’honneur
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Avertissement :
Ayant choisi d’être fidèle aux impressions recueillies lors de mes visites dans le vignoble, de légères différences d’appréciation sur les vins peuvent immanquablement apparaître entre ceux dégustés in situ, cités dans la notice consacrée à chaque château, et ceux évalués avec du recul, objets des commentaires en exergue.
Par ailleurs, choisi pour décider des châteaux dignes de figurer dans ce tableau d’honneur, le millésime 2020 a été également mon préféré pour souligner leur réussite, même si j’ai parfois commenté d’autres millésimes, au gré des suggestions de leurs auteurs.
Château Barrabaque
Cette propriété remontant au XVIIIème siècle appartient à la famille Noël depuis 1936, conduite par Caroline Noël-Barroux qui, depuis 2004, en perpétue une réputation bien acquise avec une louable assiduité. L’une des particularités de son vignoble est d’être situé à cheval sur Fronsac et Canon-Fronsac, avec cependant une majorité de vignes sur cette dernière appellation. Autre aspect notable, sa configuration correspond à un coteau d’un seul tenant et dont la franche déclivité détermine la nature des sols, bien représentatifs des molasses du fronsadais. Ainsi, l’étagement des vignes forme un crescendo qualitatif depuis les parcelles les plus argileuses, situées dans ses parties basses, vers les plus douées, celles qui le coiffent, et où le calcaire domine. Inscrite dans cette continuité, sa partie en Fronsac est simplement détachée de l’ensemble par une route située en contrebas du coteau proprement dit. Sans être en bio, sa conduite suit de près les préconisations pour respecter l’environnement de la vigne, bannissant notamment le désherbage chimique et les insecticides.
Pour qualifier d’une manière très parlante le style de Barrabaque, il n’y aurait qu’à paraphraser une formule chère à sa vigneronne, à savoir que ses vins sont faits pour être bus et non pour être seulement goûtés ! Au-delà de ce qui pourrait être perçu comme un simple truisme, Caroline met tout en œuvre pour façonner des vins sans caractère forcé, équilibrés à souhait et foncièrement fruités, en un mot conviviaux. C’est ainsi que l’on pourrait résumer la cuvée « Thomas », un canon-fronsac dans toute son amabilité et sa séduction. Issu de parcelles situées en bas du coteau et produit d’une composition qui fait la part belle aux deux cabernets (à hauteur de 30 %), son 2020 présente un équilibre qui confine à la perfection, créant un effet de plénitude sans pareil. Pour autant, il ne manque pas de jouer du charme nuancé de son fruit et d’être savoureux au cœur d’une matière foncièrement tactile, que la tendreté des tanins ne vient pas déparer. A l’origine de cette insigne réussite, il faut également voir un élevage qui ne recourt au bois que partiellement et très modérément, laissant au fruit un large espace d’expression.
Essentiellement affiné en barriques, neuves pour une part, « Prestige » est un canon-fronsac ayant pour vocation de sublimer les plus beaux raisins du domaine, ceux provenant des parcelles du haut du coteau, où l’on trouve de vieilles vignes âgées de quelques 80 ans. Proche en composition de la cuvée « Thomas », ce vin ne comporte cependant pas de cabernet sauvignon et inclut une part minime de malbec, soit 2 %, à l’instar d’un condiment qui a toutefois son importance. Malgré sa marginalité au sein de l’encépagement, ce dernier est particulièrement soigné, puisque ses plantations les plus récentes (2005 et 2015) l’ont été à partir d’une sélection massale, c’est-à-dire par reproduction des plus belles souches du vignoble. Comparativement à la cuvée « Thomas » et malgré l’ambition que son nom laisse supposer, « Prestige » 2020 ne perd rien d’une conception où priment la notion d’équilibre et l’évidence du fruit, en faisant « un vin de convivialité » ainsi que le qualifie modestement son auteure. Son style s’apprécie pleinement dans l’expression épanouie d’un 2014, où les flaveurs ont certes évolué, prenant le chemin d’une compotée de fruits rehaussée d’une note truffée, mais dont l’allure reste toujours vigoureuse, franche et souple, et la structure efficiente grâce à des tanins frais, comme gantés de réglisse.
Personnalisé par l’épithète « Tradition », le fronsac signé Château Barrabaque reprend l’assemblage type de la cuvée « Thomas », mais en diffère par le mode d’élevage, effectué en l’occurrence entièrement en barriques avinées par deux ou trois millésimes antérieurs. Sensible sans excès dans le 2020, le boisé n’interfère que modérément dans le rendu d’un fruit qui fait toute l’âme d’une matière d’une totale harmonie, même si elle n’atteint pas la grâce de son homologue en Canon-Fronsac. Ce constat n’a cependant rien d’un jugement de valeur, seuls l’expliquent des terroirs bien distincts, même s’il n’y a qu’une route qui les sépare ! Cette différence de style n’empêche d’ailleurs en rien le plaisir d’apprécier ses autres qualités, remarquables à bien des égards (voir ci-dessous).
Château Barrabaque – Tradition – Fronsac 2020
Nez > d’une rare complexité, il fait cependant valoir une fraîcheur de fruits noirs, à laquelle s’agglomèrent des notes d’eucalyptus et d’épices, incidentes au boisé, tandis qu’une sensation truffée s’en échappe, le tout formant une synthèse savoureuse.
Bouche > son caractère achevé le doit à un toucher confondant dû à une texture dont l’équilibre et l’harmonie subjuguent les sens. Pour ne rien gâter, les saveurs donnent un large écho aux arômes, en les mariant dans un rendu un brin généreux où le bois se perd, tandis que l’impression tannique n’est guère appuyée, inspirant finesse et soyeux.
Château Barrabaque – Thomas – Canon-Fronsac 2020
Nez > mêlant distinction et expressivité, des émanations prenantes sont le fait d’une alliance de fruits noirs tout en pureté, d’épices et d’un boisé tamisé.
Bouche > captivant, son état de plénitude est doublé d’une dynamique somptueuse qui laisse entendre l’apanage du terroir de Canon-Fronsac. Ce privilège se manifeste ici par une exaltation du fruit, en l’occurrence des baies noires, et par la veine de fraîcheur qui irradie sa texture. Leur heureuse conjugaison fonde le délice de saveurs remarquablement persistantes, tandis que des tanins tendres et parfaitement soyeux couronnent une expression d’un pur plaisir.
Prix au château des vins cités :
« Thomas » 2020 : 10,50 € – « Tradition » 2020 : 14 € – « Prestige » 2020 : 20 € > 2014 : 18 €
Adresse > Château Barrabaque, lieu-dit Barrabaque, 33126 Fronsac
Site internet > ici
Boutique en ligne > ici
Château Canon-Pécresse
Cette propriété se trouve depuis 2023 dans le giron du Château de La Dauphine, dernière en date des acquisitions successives de la famille Labrune dans le fronsadais. Elle lui a été cédé par la famille Pécresse qui la possédait depuis 1947 sous le nom de Château Vray-Canon Bodet La Tour, modifié en Château Canon-Pécresse en 2003, ce qui n’était que justice, puisque toute sa réputation le doit à son mérite. Cette reprise par le propriétaire de La Dauphine a été donc des plus judicieuses dans le sens où il s’agit d’un château parmi les plus en vues de Canon-Fronsac, ce dont attestent les millésimes dégustés dans le cadre de cet article, dont l’auteur était encore Jean-Francis Pécresse. L’année 2022 a été celle de sa transition, puisque son produit a été vinifié par les soins de ce dernier, puis composé et élevé par l’équipe de La Dauphine, qui a depuis marqué de son sceau l’entière élaboration du 2023, premier millésime de la nouvelle ère du château.
Parmi les atouts expliquant la place de Canon-Pécresse au cœur de l’élite des châteaux du fronsadais, il y a évidemment un site en plateau sur lequel s’étend un vignoble d’un seul tenant, d’à peine plus de 4 ha, autre avantage pour une viticulture d’inspiration artisanale. Là, la vigne croît sur des sols argileux et calcaires, les uns profonds, les autres affleurants pour former une sorte de symphonie, dont l’interprétation revient pratiquement au seul merlot, le cabernet franc jouant sur un mode mineur. Exploité de manière optimisée depuis 2011 quant à l’équilibre de ses sols, à son environnement et aux traitements de la vigne, il est certifié en bio depuis le millésime 2020. Une telle orientation a eu de quoi satisfaire son nouveau propriétaire dont le fleuron – Château de La Dauphine – est conduit avec une même exigence manière. D’autres changements ont accompagné cette mutation, ainsi une exploitation mieux cernée du parcellaire, et une révision du mode d’élaboration pour accentuer l’expression aromatique et aller vers davantage de raffinement.
Les millésimés présentés ci-dessous ont été le fait de l’ancien propriétaire, aussi n’ajouterai-je pas d’autres commentaires à leur description sensorielle. Si elle privilégie classiquement le merlot, leur composition laisse une part à l’expression cabernet franc, modérée dans le 2019 (15 %) et plus significative dans le 2020 (30 %). Cette différence entre dans les explications concernant l’achèvement du style de ce dernier, assurément une haute expression de Canon-Fronsac, qui de surcroît n’a pas tout dit à ce jour. La page tournée en 2022 dans la conduite du château semble s’inscrire dans sa continuité, ce dont atteste brillamment un 2023 que j’ai dégusté personnellement à l’aube de son évolution.

Château Canon-Pécresse – Canon-Fronsac 2020
Nez > il allie fin boisé et profondeur de fruit dans une osmose baies noires-épices inspirant de la suavité.
Bouche > d’un profil littéralement harmonieux, texture ample et fraîche sur une impression pulpeuse, goût offrant un écho raffiné aux arômes dans un rendu sapide et salivant qui déteint favorablement sur des tanins délicats et soyeux.
Château Canon-Pécresse – Canon-Fronsac 2019
Nez > Une sève boisée saupoudre l’expression de belles épices en laissant un large espace à des notes franches et bien mûres de fruits noirs.
Bouche > l’impression globale très proche du 2020 avec cependant un effet de matière moins gracieux. Les saveurs les différencient également avec en l’occurrence un boisé plus marqué, sans détriment pour leur riche essence. Il en est de même l’impact des tanins, ici plus accentués suivant un grain serré, mais toujours soyeux.
Prix au château des vins cités :
Millésimes 2019 et 2020 : 28 €
Pour tout renseignement voir Château de La Dauphine
Château de Carles
Doté d’une demeure dont les fondements remontent au XVème siècle, le Château de Carles est véritablement ancré dans le paysage fronsadais et forcément dans son histoire, faisant que de nombreux lignages se sont succédés dans sa possession. Cependant, fait remarquable, il est dans la même famille depuis plus d’un siècle, aujourd’hui par sa ligne collatérale, représentée au sein de la propriété par Oriane Sallé de Chou, sa vigneronne et gérante au même titre que son père, Stéphane Droulers et sa sœur, Eléonore de Lencquesaing.
Situé sur la commune de Saillans, son vignoble est en position éminente, dominant le plateau calcaire et étendu sur des coteaux argilo-calcaires et argilo-siliceux. De taille intermédiaire dans l’appellation (15 ha en production), il est très majoritairement planté de merlot et marginalement de cabernet franc et d’un peu de malbec. En 2018, sous la direction de Yannick Reyrel, le château infléchit son mode exploitation en adoptant de nouvelles conduites dans les vignes comme dans le chai. Ainsi, une viticulture sur un mode durable est instaurée et garantie par la certification Haute Valeur Environnementale, tandis que le mode de vinification suit désormais une approche plus douce, favorisée par des contenants idoines, s’agissant de cuves tronconiques inversées. Quant au protocole de vieillissement, le changement a été fait de sorte que l’expression du fruit soit favorisée aux dépens du boisé par des méthodes alternatives, notamment par l’emploi d’amphores en terre cuite. Par ailleurs, des replantations significatives de cabernet franc esquissent une évolution dans le style des futurs vins au profit de leur expressivité et de leur finesse. Entreprises en 2019 à partir d’une sélection rigoureuse des pieds de vigne – dite sélection massale – ces nouvelles plantations influeront nettement sur l’encépagement du vignoble, puisqu’elles représenteront à terme 3 ha. Déjà introduites dans la composition du millésime 2024 de la cuvée Haut-Carles, fierté de la propriété, ces très jeunes vignes semblent donner toute satisfaction pour affiner son caractère ambitieux.
Afin de souligner une page tournée à Château de Carles, sa vigneronne me présente comme à regret son vin éponyme en 2016 qui, malgré son intitulé, n’est pas son grand vin, mais un second qui ne dit pas son nom. Considéré comme exceptionnel, ce millésime se perçoit en l’occurrence à travers une expression harmonieuse quoique d’un penchant plantureux, qualifié « d’ennuyeux » par son auteure comparativement à ce que le château sait faire depuis. Il va sans dire que cette critique relève d’une question de style et non de qualité. Aussi soumet-elle à mon appréciation ce qui aurait valeur de contre-exemple, à savoir un 2022, autre grande année qui a engendré ici une expression d’un tout autre genre, surprenante par sa part de naturel. On voit là le produit d’un parti atypique à ce niveau d’exigence, celui d’un vin élevé strictement en cuves, sans recourir à des barriques, mais à des auxiliaires en bois de chêne ayant pour rôle de le peaufiner en le boisant au minimum. Le fruit de cette approche est un Château de Carles qui ne manque pas de plaire par sa fraîcheur et sa netteté de fruit, et flanqué de tanins bien apprivoisés.
L’évocation du terroir prend une autre dimension dans la cuvée Haut-Carles, issue des parties les plus douées du vignoble, surtout argilo-calcaires, qui sont nombreuses – 40 % de sa superficie – et donc significatives de son grand potentiel. A contrario de Château de Carles, son élaboration fait largement appel à des fûts de chêne sous forme de barriques, neuves pour moitié, et d’amphores, dont l’usage, même marginal, contribue à donner plus d’acuité au fruit. Témoin récent de cet élevage mixte, Haut-Carles 2022 fait valoir la distinction d’un boisé qui dispute l’expression à un fruit pour former une synthèse aromatique évoquant des épices douces. C’est cependant son remarquable relief en bouche qui capte les sens, autrement dit la dynamique qui caractérise le jeu d’une matière autrement attrayante par sa nature charmeuse où se conjuguent des impressions douces et sapides. Millésime de transition dans ce style, le 2018 libère des senteurs suaves et découvre un état de plénitude inspiré par des qualités confondantes qui n’appelleraient que des superlatifs, mais dont on ne passera pas sous silence l’effet irrésistible que produit une texture juteuse comme un concentré de fruit. D’un 2020 où la nouvelle conception s’affirme encore mieux, on retient par-dessus tout un rendu plus intègre et profond d’un fruit auquel un boisé de choix laisse libre cours, malgré son caractère soutenu. Les commentaires ci-dessous détaillent davantage son expression.
En me servant sciemment un Haut-Carles 2007, Oriane fait savoir qu’il n’y aurait pas de quoi renier l’ancien mode d’élaboration lorsqu’il a permis ce niveau d’achèvement. Ce millésime est un témoin paradoxal de la page tournée en 2018, lorsque sa vinification, pour le moins singulière, s’opérait à même la barrique. Déjà l’examen de sa robe, plutôt foncée, confond sur l’âge d’un vin qui atteint tout de même ses 18 ans. Volontiers épicés, les arômes ne sont pas en reste, tout comme une fraîcheur de constitution sans pareil, signe de l’équilibre suprême d’un vin somptueux. Par bonheur, il est toujours commercialisé par le château et, osons le dire, à prix d’ami.
Château de Carles – Fronsac 2020
Nez > après une approche qui embaume un air boisé-floral du meilleur effet, il libère un registre plaisant mêlé d’épices douces et d’un complexe fruité où la cerise très mûre vient à l’esprit.
Bouche > une rondeur quasi parfaite engendre un équilibre à sa hauteur et crée un contexte où la matière gagne une gracieuse souplesse et se mue en une texture ample et fraîche, d’un goût ressenti comme un aperçu des arômes. Des tanins soyeux et compacts enserrent la finale sans la contraindre.
Haut-Carles – Fronsac 2020
Nez > la densité et la profondeur d’arômes de fruits noirs captent et fascinent les sens, tout comme la luxuriance du boisé qui s’exprime concomitamment au fruit et agit au bénéfice d’une synthèse florale (violette)
Bouche > un équilibre saisissant est au cœur d’un rendu où expressivité et raffinement se conjuguent avec aisance et brio pour se décliner en une texture pulpeuse faite de saveurs pénétrantes et rémanentes en écho aux arômes. Des tanins véritablement soyeux et parfaitement agglomérés signent cette haute expression fronsadaise.
Prix au château des vins cités :
Château de Carles 2016, 2020 et 2022 : 17,50 € – Haut-Carles 2007 : 29 € ; 2018, 2020 et 2022 : 33,50 €
Adresse > Château de Carles, 33141 Saillans
Site internet > ici
Boutique en ligne > ici
Château de La Dauphine
Propriété illustre sous l’Ancien Régime, parée d’une architecture digne de son prestige historique, le Château de La Dauphine est resté une « belle endormie » jusqu’à l’année 2000. Cette année-là, à la faveur d’un nouvel acquéreur, sa trajectoire épouse la courbe de l’ambition, se dotant d’un nouveau chai et cultivant en bio un vignoble vaste à l’échelle de Fronsac, soit 40 ha à cette époque. Changeant de propriétaire en 2016, le château poursuit et affirme ce parcours grâce à l’achat de vignes sur le plateau, sur l’aire de Canon-Fronsac, se dotant ainsi d’un atout majeur, à savoir des sols de calcaires à astéries qui faisait défaut à son patrimoine. En effet, jusque-là son vignoble se contentait de coteaux argilo-calcaires sur molasses et de pieds de côtes argilo-limoneux-sableux qui, quoique bien exploités, ne lui permettait pas d’accéder à la plus haute marche des expressions fronsadaises. C’est à présent chose faite, puisque son vin éponyme, désormais issu intégralement du plateau, reflète de manière convaincante l’apport de ces sources et lui confère une dimension inédite, à l’égal des tous meilleurs fronsacs.
Cet élan qualitatif le doit donc à des acquisitions consécutives de propriétés privilégiées en matière de terroir, l’une dont l’entier vignoble est venu étoffer celui de La Dauphine, tandis que l’autre, Château Vrai Canon Bouché, s’est vu amputé de quelques hectares dans le même but, tout en conservant son statut de château à part entière. Au final, 40 ha sur les 70 formant désormais son vignoble vont dans son grand vin, devenu un digne de son rang de grand ambassadeur de Fronsac sous la houlette de Stéphanie Barousse, sa directrice en titre depuis 2016. En cela, il faut également voir les bénéfices de la biodynamie, désormais son mode de culture, bien que non certifié, ainsi que des techniques de production où l’expérimentation a été de mise, notamment en matière d’élevage avec l’emploi de contenants autres que la traditionnelle barrique.
Le millésime 2019 de son grand vin est le premier jalon du renouveau de La Dauphine, à la fois témoin de deux ilots de vignes situées sur le plateau calcaire et d’une composition où le cabernet franc tient son rôle, avec 20 % des parts. Au palais, il surprend par son caractère épanoui, dévoilant déjà les qualités permises par une année réputée très bonne, et laisse savourer une texture qui ne manque pas de fraîcheur, l’apport du cabernet n’étant pas pour rien dans ce profil. Habilement mené, l’élevage joue également à l’avantage de son expressivité, l’impact du bois étant atténué par un usage partiel d’amphores. Conçu pratiquement à l’identique, le 2020 s’avère paradoxalement plus réservé tout en laissant bien lisible son grand potentiel. Sa profondeur de goût, sa nature suave et le fini des tanins plaident en effet pour un avenir de belles promesses. Annoncée à juste titre comme légendaire, l’année 2022 coïncide ici avec l’achèvement d’un style, incarné par une expression que l’on a gratifié des fruits d’un troisième site de vignes croissant sur des calcaires du plateau. Une part accrue de cabernet franc (30 %) y ajoute sa vitalité et concourt à un ensemble aux qualités de fond pour le moins éloquentes, encore mieux rendues par un affinage pour partie dans de grands fûts de chêne appelés foudres.

Château de La Dauphine – Fronsac 2020
Nez > séducteur sur des senteurs éclatantes et pures de fruits noirs où le boisé interfère avec discrétion.
Bouche > en pleine gestation, elle fait valoir un profil en rondeur et en matière, et une texture avec du moelleux et d’un goût un brin généreux où fruit et boisé commencent à composer. Encore bien présente, la structure se manifeste cependant sous des traits fins et soyeux.
Château de La Dauphine – Fronsac 2019
Nez > le velouté de son approche se prolonge par le plaisir que suscitent des senteurs bien définies, conjuguant fleurs (violette), fruits noirs (myrtilles), épices, et faisant harmonie avec un boisé fin et bien ajusté.
Bouche > une ampleur remarquable procure une dynamique ainsi qu’un équilibre de choix à une matière bien en substance, où l’on ressent comme un riche écho aux arômes. Le nerf de saveurs autrement sapides imprègne la perception de tanins au toucher délicat.
Prix au château des vins cités :
Millésime 2022 : 26 € – 2019 et 2020 : 25 €
Adresse > 5, rue Poitevine, 33126 Fronsac
Site internet > ici
Boutique en ligne (France) > ici
Château Fontenil
Unis dans leur vie comme dans leur métier d’œnologue, Dany et Michel Rolland sont devenus vignerons fortuitement en jetant leur dévolu sur une demeure située au point le plus élevé de la commune de Saillans, laquelle possédait un vignoble attenant. Acquis en 1986, l’ensemble d’alors 7 ha a vu ses vignes exploitées sans délai et son chai mis en chantier, surtout qu’il héritait d’un bâti immémorial ayant nécessité force rénovation. Et ce n’est qu’à la toute fin de l’année 1997 que la demeure rebaptisée en Château Fontenil les a enfin accueillis, tandis que le chai attendra 1999 pour être fin prêt. L’ambition de nos vignerons a été servie par un vignoble qui atteint aujourd’hui un âge enviable, de l’ordre du demi-siècle, et riche de quelques vignes encore plus vénérables, pas loin d’être centenaires. Exclusif au merlot, ce patrimoine est aujourd’hui intact, à peine remanié par la plantation d’une parcelle de blancs, et forme un tout d’une dizaine d’hectares.
Le terroir de Fontenil recouvre tous les grands types de sols caractérisant l’aire de Fronsac et reflète sa trilogie canonique – plateau, versant et pied de côte – avec les formations qui la définissent. Les différentes parcelles épousent ce relief ainsi que sa stratigraphie, et sont orientées suivant un axe avantageant le jeu des maturités, allant du sud au nord-est. Fruit d’une viticulture particulièrement soignée pour obtenir le meilleur de ses raisins, jusqu’à leur tri méticuleux par des mains sûres, le produit du vignoble renferme une complexité inhérente à sa configuration qui explique un mode d’élaboration tenant compte au plus près des facteurs de sa diversité. Ainsi, la segmentation et l’exploitation optimale du potentiel de son vignoble ont-elles commandé une vinification dans des contenants nombreux, en écho à sa diversité, s’agissant de cuves de petits volumes et de barriques. Cher à l’approche de Michel Rolland, l’usage de bois neuf sert largement le façonnage des vins, mais sans outrance. Il joue ainsi son rôle dans la phase décisive de la seconde fermentation, dite malolactique, pour ce qui ne concerne toutefois qu’une partie de son vin ambassadeur, soit le tiers de son volume. Grâce à cette manière de procéder, alliant méthode, précision et visée hédoniste, il gagne sa personnalité, celle d’un vin où l’ambition reste feutrée et préserve la notion de plaisir.
Le millésime 2020 signé Château Fontenil témoigne avec éloquence de cette approche et nous sert une expression sous le signe de l’élégance tout en affirmant un caractère généreux, bien rendue par un fruit dont la définition et la fraîcheur le doivent à un élevage judicieux effectué partiellement en cuve. Et si le boisé y manifeste encore sa présence, celle-ci reste sous-jacente, perçue essentiellement dans les interstices des arômes. Encore effective sous forme de saillies aux contours émoussés, la structure présage de son potentiel de garde. Ce dernier terme serait le maître-mot pour résumer la sensation émergente d’un 2016 sous cette même étiquette, un millésime d’exception s’il en est. Près de 10 ans d’âge n’ont en effet rien entamé d’une fougue et d’une volupté sensationnelles, rendues à travers un fruit au paroxysme de la richesse et une substance juteuse à souhait et qui ne souffre d’aucun déséquilibre. Seuls les tanins freinent quelque peu la hâte de l’apprécier, même si leur parure reste soyeuse.
Par ailleurs, les dons et la « plasticité » du terroir de Fontenil s’illustrent brillamment à travers deux expressions hors normes. Bien qu’elles ne soient pas en droite ligne avec le sujet présent, ces dernières méritent une citation en raison de leur caractère exceptionnel. Il s’agit en effet d’un blanc rayonnant d’une noble expressivité, qui évoque irrésistiblement un grand bourgogne, et dont la source est une parcelle plantée en 2017 avec pas moins de 5 cépages. Avantageant sensiblement le sauvignon blanc, sa composition s’apparente à celle des blancs de Bordeaux à ceci près qu’elle comporte une part de chardonnay, avec pour conséquence son exclusion du cadre de l’AOC. « Le Blanc de Fontenil » est donc un Vin de France, tout comme son alter ego en rouge, « Le Défi de Fontenil », où l’on fleure une ambition raffinée doublée d’un air de pomerol. Conçu à l’origine comme un absolu, autrement dit un hymne au merlot fronsadais, son élaboration peu orthodoxe sur certains millésimes lui a valu d’être exclu de l’AOC. Mis à part cet écart du mode cultural préconisé par les normes de production de l’appellation, il reste un fronsac dans l’âme, élaboré sans concession, avec minutie et exigence pour dispenser une rare plénitude.
Château Fontenil – Fronsac 2020
Nez > le boisé est bien là, un brin toasté, mais diffus dans l’expression d’une veine opulente aux arômes bien discernables de fruits noirs et d’épices.
Bouche > on y apprécie l’ampleur, le toucher de matière ainsi que le mouvement qui fait ondoyer son allure. De nature pulpeuse, sa texture exprime un goût généreux et persistant à rapprocher des senteurs, tandis que les tanins la tapissent de leur grain côtelé.
Château Fontenil – Fronsac 2016
Nez > ajouté à un boisé fastueux, son caractère opulent s’y affirme tout en laissant filtrer des senteurs de fruits noirs dont la définition est encore tamisée.
Bouche > son ampleur et sa teneur impressionnent et caractérisent toute la dimension d’un profil où agit bien à propos la dynamique suscitée par une texture juteuse, dont les saveurs transposent la richesse superlative des arômes. D’un contact soyeux, les tanins s’affirment cependant avec vigueur et ajoutent leur indice à ceux qui par ailleurs désignent un grand vin de garde.
Prix au château des vins cités :
> Millésime 2016 : 29 € – 2020 : 30 €
Adresse > 10 Cardeneau-Nord, 33141 Saillans
Site internet et boutique en ligne > ici
Château Gaby
Joliment nommé, ce château a pour lui une lointaine notoriété, puisqu’il a été cité dans la toute première édition (1850) de « Bordeaux et ses vins », vénérable bible des vins du bordelais, appelée couramment guide Féret. Depuis, toute une lignée de propriétaires s’y sont succédés, une destinée qui ne s’est toujours pas démentie, puisqu’il a changé de mains par trois fois depuis 1999, Tom Sullivan ayant été son dernier acquéreur en 2016. Vivant aux États-Unis, il a reconduit Damien Landouar à la tête de l’exploitation à juste titre, puisqu’il en avait une parfaite expérience, consécutive à une carrière de bientôt 30 ans à son service, des compétences qui lui ont d’ailleurs valu de superviser les autres châteaux qu’il possède sur la Rive Droite, notamment en Saint-Emilion Grand Cru.
D’un seul tenant et certifié en bio depuis 2018, son vignoble est d’une superficie plus élevée que la moyenne sur Fronsac avec ses 17,5 ha. L’encépagement privilégie classiquement et largement le merlot, et se retrouve d’autant dans les vins, à hauteur de 80 % de leur composition. Bien que minoritaires dans les vignes, les cabernets franc et sauvignon jouent efficacement de leur influence dans leur expression, y suscitant une tension bénéfique à leur équilibre ainsi qu’à leur sapidité. Typiques de Canon-Fronsac, les sols comportent des molasses du fronsadais et des calcaires affleurants par endroits. Cependant, au-delà de cette partition globale, leur nature varie sensiblement au gré des unités de parcelles, nécessitant du doigté dans leur approche en vinification. En pratique, un chai doté d’une cuverie nombreuse permet une exploitation efficiente de la complexité du terroir, de manière à répartir avec justesse ses fruits en fonction de la vocation de chaque cuvée, et à pousser plus loin leur achèvement. A cet ajustement en matière de vinification correspond une même approche dans l’élevage des vins, où l’usage de la barrique a diminué ces dernières années au profit des contenants alternatifs que sont les foudres ou d’une toute autre nature comme des amphores en grès. Le bois a même été très marginalisé dans le second vin, « Princess Gaby », où il concerne moins de 10 % de son volume.
Mieux que d’un diminutif du grand vin, ce dernier est voulu comme une expression à part entière, à la fois par ses racines et son univers d’appréciation. « Princess Gaby » provient en effet des bas de côtes, de terrains argilo-limoneux et sablonneux, plus aptes à donner des vins aimables où prime une notion de plaisir. Aussi sa conception suit-elle le schéma d’un vin moins apprêté, élevé essentiellement en cuves au bénéfice d’une fraîcheur qui concerne autant le fruit que la texture. Tel se livre un 2019 au caractère savoureux et dont le penchant gourmand et généreux est dû aux raisins très mûrs engendrés par ce millésime. Pour autant, son équilibre n’est pas pris en défaut, tandis que sa structure va dans le sens de se faire oublier pour conforter sa vocation de vin accessible et avant tout convivial.
D’une composition similaire, mais en puisant ses ressources en haut de coteau, terre d’élection des calcaires à astéries, le grand vin est quant à lui conçu pour rendre toute la dimension de son terroir suivant une ambition raisonnée. En voie d’épanouissement, Château Gaby 2018 illustre bien cette approche par son profil harmonieux plus élancé que corpulent, où le fruit vibre par son velouté, tandis que la densité de sa structure ne dépare pas une impression d’ensemble avantageuse, et présage d’un bel avenir. Moins prêt à sa pleine appréciation, le 2020 est cependant pétri de grandes qualités, telles que décrites dans le commentaire ci-dessous. Si une notion de plaisir entoure la conception de la cuvée phare du château, sa propension à la garde n’est pas pour autant délaissée et s’esquisse à merveille dans un 2016 dont l’équilibre est particulièrement remarquable en regard d’une maturité qui flirte avec l’opulence, délivrant alors comme une essence de fruit dont le filet n’a guère pour obstacle que des tanins savamment enrobés.

Château Gaby – Canon-Fronsac 2020
Nez > une sève profonde et gourmande sublime l’expression de senteurs alliant fruits noirs, épices, un soupçon de réglisse et de boisé.
Bouche > sa rondeur harmonieuse souligne et répartit à merveille une matière dont la texture ample, fraîche et raffinée campe sur des saveurs très persistantes et pleinement savoureuses, à l’instar des arômes. Rémanentes à souhait, des émanations succulentes s’imbriquent au cœur de tanins fins et soyeux.
Château Gaby – Canon-Fronsac 2018
Nez > il embaume un velouté délicieux rappelant des fruits secs, ainsi de la figue, accordé à des senteurs de fruits noirs et rehaussé de notes boisées et épicées (curcuma).
Bouche > la sensation de volume qu’elle procure va de pair avec celle du grand équilibre qui lui est associé. Sa texture s’inscrit dans cet élan et fait valoir sa vitalité et sa sapidité sur le versant gourmand des arômes, malgré un fond un peu généreux. Les tanins s’y fondent agréablement et se confondent avec le filet d’un goût salivant vers où la finale converge.
Prix au château des vins cités :
« Princess Gaby » 2019 : 16 € – Château Gaby 2016, 2018 et 2020 : 30 €
Adresse > lieu-dit Château Gaby, 33126 Fronsac
Site internet > ici
Château Mazeris Bellevue
Dans un passé lointain, l’exemplarité de son exploitation lui a valu l’attribution d’une Grande médaille d’Or par le Ministère de l’Agriculture en 1896. Resté depuis ce temps dans la même famille, il change de main en 2017 en perpétuant un esprit familial grâce à Xavier et Pascale Collart Dutilleul, nouveaux venus dans l’univers du vin en qualité de vignerons. Formé à part entière à ce métier, leur fils Axel les rejoint cette même année pour les aider dans leur changement de vie, mais malheureusement sa disparition tragique les prive de son précieux soutien. Et c’est non sans courage et avec détermination qu’ils maintiennent leur projet pour poser les premiers jalons d’une réussite qui fait son chemin.
D’une surface globale de 9 ha, le vignoble a été très largement remanié, pour 40 % de ses surfaces, cela dès leur installation. En effet, plantée de manière trop espacée, une grande partie des vignes n’était plus en conformité avec les normes actuelles régissant l’appellation Canon-Fronsac. D’où la nécessité de nombreux arrachages au profit de replantations en règle, voire de densification de parcelles par de nouvelles vignes plantées entre les rangs des anciennes. Son aire se répartit sur deux secteurs bien distincts, l’un autour de la demeure et son chai au lieu-dit Mazeris, l’autre sur un site excentré éminent où trône fièrement un moulin à vent. Sur celui-ci les sols reproduisent en quelque sorte le schéma de stratification caractérisant globalement le fronsadais : très calcaire sur ses parties hautes, puis argilo-calcaire sur ses versants, avec en l’occurrence une composante d’argiles bleues. A l’endroit du château, un complexe argilo-calcaire y domine, tandis que les pieds de côte sont argilo-siliceux. Sur l’ensemble du vignoble le merlot est prépondérant, occupant les deux tiers de sa superficie, laissant ainsi une part non négligeable au cabernet franc et au cabernet sauvignon, plantés à parité, et un peu de malbec (3 %). Du fait des importantes replantations, l’âge moyen du vignoble n’est pas particulièrement élevé, cependant, un patrimoine de merlots âgés de plus de 50 ans vient étoffer les cuvées de conception ambitieuse. Pratiquée en bio, la viticulture y est particulièrement soignée et compte sur l’aide auxiliaire de ses propres moutons d’Ouessant pour un désherbage aussi efficace qu’écologique !
Les vins voient le jour dans un chai dont l’équipement est classique, hormis la présence de grands fûts de 400 litres, préférés pour un élevage où l’influence du bois est plus mesurée. Ces contenants concourent essentiellement à l’élaboration du grand vin, un canon-fronsac dans toute sa dimension, tandis que la cuvée « Mazette » ne voit pas le bois, ainsi conçue pour céder à l’appel de la convivialité tout en restant dans le cadre de l’AOC en question. Afin de séduire sans manière, celle-ci gagne son caractère franc et digeste en puisant dans les vignes qui facilitent sa vocation, situées en bas de coteau sur des sols plus riches. Là, le merlot y prédomine, comme d’ailleurs dans le vin où juste un peu de cabernet franc (10 %) vient apporter sa touche. Un séjour strictement en cuve contribue à préserver sa fraîcheur de fruit et de constitution, traduites dans un 2023 par des senteurs nerveuses de fruits rouges comme de la framboise, la juste matière pour en esquiver la question, souple et peu tannique. Les 2019 et 2020 reprennent ce style plein de brio sans que leurs millésimes respectifs ne les en éloignent, gardant ainsi le cap sur l’épicurisme. Ainsi, tous millésimes confondus, les expressions de « Mazette » n’économisent pas sur le côté plaisir et s’apprécient à l’évidence.
Emblème du château, son vin éponyme témoigne à sa manière d’une telle approche hédoniste où la notion de grandeur évite l’ostentation et s’accorde avec la vitalité du fruit. Le rendu du 2019 signé Château Mazeris Bellevue est bien dans ce registre, avec un velouté de texture qui capte les sens par le charme d’une nature fruitée riche et juteuse, croquante comme de la cerise burlat. Outre un savoir-faire consommé, ses qualités le doivent à des sources bien choisies et savamment mariées. Parmi celles-ci, on retient des vignes âgées ou bien loties en matière de sols calcaires, et une composition où la part de merlot est inférieure à la moyenne du pays fronsadais, laissant alors libre cours aux cabernets franc et sauvignon, lesquels représentent le tiers de son volume. Lui succédant, le 2020 (décrit ci-dessous) réitère son caractère sapide et résolument sur le fruit dans un ensemble conduit par un insigne élan de fraîcheur, doté d’une matière et d’une structure congrues, et discrètement boisé.
Cuvée confidentielle s’il en est, agréée en Canon-Fronsac, la cuvée « Un Oiseau dans les vignes » a été créée pour honorer la mémoire de leur fils Axel. Qualifiée de cuvée spéciale, elle l’est en effet, née de l’idée d’une conception unique pour chaque millésime et décidée au gré des récoltes. Ce sont ainsi de vins mono-cépage qui caractérisent les 2018, 2019 et 2020, successivement de cabernet franc, cabernet sauvignon et merlot. Elaborés sur un mode ambitieux, ils bénéficient d’un long élevage pendant deux années en fûts neufs de 400 litres. Parmi ces derniers, le 2020 revêt en outre la singularité d’être le produit de vieux merlots arrachés lors de la restructuration du vignoble. Malgré son étoffe, son profil ne jure pas avec celui du grand vin et présente un équilibre similaire. Bien que moins flagrante que dans ce dernier, la fraîcheur est bien là, caractérisée par un fruit typique et stimulant de baies noires et par les tensions qu’il suscite dans son entière expression. Ainsi, la forme gagne en amplitude et s’affine d’autant, tandis que la texture se délite en un jus salivant qui innerve opportunément les saveurs et s’infiltre au cœur de tanins pour lustrer on ne peut mieux leur perception.

« Mazette » – Canon-Fronsac 2020
Nez > son approche énergique et vivace s’exprime sur un registre de baies sauvages d’où filtrent des senteurs alternant cassis, mûre, myrtille et un soupçon de fraise des bois.
Bouche > elle fait valoir une rondeur généreuse et un profil souple et bien en chair, qui se fluidifie en une texture juteuse d’un goût franc et salivant confondant les arômes. Légèrement mordants, les tanins collent à son style primesautier.
Château Mazeris Bellevue – Canon-Fronsac 2020
Nez > il se distingue par de frais et délicieux effluves de fruits noirs, doublés d’un grain séduisant à l’accent épicé-poivré.
Bouche > sa rondeur parfaite fait que la matière se projette sur ses contours et gagne ainsi une ampleur et une dynamique remarquables, tout comme l’est son caractère sapide où le registre des arômes se transpose avec une rare netteté que ne trouble en rien une note boisée perçue en contrepoint. La finale secrète un aspect succulent qui enveloppe de sa nervosité des tanins de velours.
Prix au château des vins cités :
« Mazette » 2019, 2020 et 2023 : 15 € – Château Mazeris Bellevue 2019 et 2020 : 25 € – « Un Oiseau dans les vignes » 2020 : 45 €
Adresse > Château Mazeris Bellevue, 33126 Saint-Michel de Fronsac
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Château Moulin Pey-Labrie
La propriété doit sa création en 1988 à Bénédicte et Grégoire Hubau, venus d’horizons géographiques et professionnels très différents pour assouvir leur passion et donner tout son rayonnement à un site en éminence, parmi les plus élevés du vignoble fronsadais, puisqu’il culmine à quelques 70 m. Sa toponymie atteste d’ailleurs de sa configuration, Pey voulant dire haut de coteau, ce que renforce la présence d’un moulin à vent, certes inactif mais toujours existant et tenant lieu de sémaphore de son endroit.
Ses vignes se situent de part et d’autre de l’arête où se rejoignent deux coteaux. Là, on piétine les affleurements d’un calcaire très dur qui en dit long sur la nature des sols environnants, identifiant clairement l’aire de Canon-Fronsac, où son vin éponyme prend sa source. Ce type de terroir n’est pourtant pas le seul composant le domaine, puisqu’une partie avoisinante, acquise ultérieurement, est délimitée dans celle de Fronsac et donne lieu à d’autres vins qui se différencient avant tout par la qualité des sols d’où ils proviennent. De nature argilo-graveleuse, ceux à l’origine de Château Haut-Lariveau engendrent les meilleurs fruits récoltés sur ce secteur, tandis que Château Moulin se contente des raisins de sa partie basse, où l’argile est prépondérante. Fait remarquable, cette diversité de sols s’inscrit dans une unité territoriale faisant que le vignoble est d’un seul tenant, par conséquent à cheval sur les deux appellations. On constate une telle dualité au sein même du site de Haut-Lariveau, dont certaines parcelles sont classées en Canon-Fronsac, mais exploitées en Fronsac par commodité. Une telle constitution résulte d’un remembrement opéré au fil des ans par nos vignerons, qui pour autant est loin d’en former un vaste ensemble, puisque sa superficie totale ne dépasse pas 7 ha, ce qui est dans la moyenne des châteaux fronsadais. L’un de ses atouts, et non des moindres, est l’âge élevé des vignes, puisque leur moyenne avoue trois quarts de siècle, tandis que les plus vielles atteignent les 130 ans ! Ce privilège est doublé d’un matériel végétal de qualité, dont les anciens avaient la science pour faire épanouir à ce point des merlots, son encépagement quasi exclusif au merlot, que seul un peu de malbec vient diversifier.
Les vins voient le jour dans un chai modeste par sa taille où l’on remarque surtout un espace de vieillissement à l’équipement atypique, s’agissant des grands fûts de 600 litres qui côtoient de traditionnelles barriques. Ce moyen d’élevage prédomine dans leur conception et explique un style de vins où le boisé est toujours à l’unisson du fruit. Cela dit, toutes les cuvées n’obéissent pas à ce mode d’élaboration, ainsi « Piverts », issue des bas de coteaux en Fronsac, produite sans sulfites ajoutés et élevée en cuves de manière à préserver la spontanéité et la fraîcheur du fruit. Son expression en 2020 est de cet ordre, attrayante par son naturel dans un genre convivial où l’on tolère volontiers un léger mordant des tanins. Dans cette catégorie de vins à boire jeunes, Château Moulin a toute sa place, suscitée par une aimable rondeur et une grande franchise, tel que les exprime un 2020 dont le caractère épicé est sans doute conséquent à un passage en fûts anciens, qui par ailleurs en a poli la matière et les contours.
Avec Château Haut-Lariveau on apprécie la quintessence de la partie en Fronsac du domaine. Comparativement à ses homologues où prime l’expressivité, il fait valoir un style plus en nuances et en étoffe, sans toutefois perdre le fil de l’équilibre. Doué d’une palette aromatique aussi complexe que singulière, un millésime épanoui comme le 2016 en est un parfait représentant, avec un registre enchanteur qui embaume et imprègne un profil dépourvu des stigmates d’une année pourtant très riche. Cet équilibre enviable est encore plus éloquent dans un 2019 où une sensation de volume l’emporte et engendre une appréciable aisance au palais, qui n’est pas sans évoquer celle d’un pomerol. Pour flatteuse qu’elle soit, cette grâce ne rivalise pas avec la vitalité qui se dégage de la cuvée phare de la propriété, un parfait archétype du canon-fronsac. Le millésime 2020 de Château Moulin Pey-Labrie en est un exemple frappant, avec sa veine de fraîcheur qui en modèle l’entière expression et forme la matrice d’un caractère sapide d’une rare intensité (commenté en détail ci-dessous). Par comparaison à son alter ego en Fronsac, la nature généreuse de l’année 2016 est ici encore mieux jugulée par une dynamique de constitution ayant pour logique une insigne ampleur et pour corollaire une acuité du fruit parfaitement inattendue. Millésime qui a exigé du doigté dans son approche, 2014 a été bien appréhendé par nos vignerons et apparait aujourd’hui comme éclatant avec tous les traits d’un vin hédoniste se prévalant d’un inénarrable bouquet et d’une bouche en queue-de-paon. Dans le concert des canon-fronsac, Château Moulin Pey-Labrie fait ainsi figure de belle référence dans le sens où il rend de son terroir une vérité majeure, tout en reflétant l’ambition et la fierté de bien faire et de procurer du plaisir.

Château Haut-Lariveau – Fronsac 2020
Nez > il dispense la vitalité et le plaisir d’un bouquet tout en nuances évoquant des baies sauvages (mûre, myrtille, etc.), et agréablement floral.
Bouche > d’une belle ampleur et modelé par une chair très tendre, elle s’exprime comme un élixir sur un goût exquis et d’une rare persistance, ressenti comme une heureuse fusion des arômes. Affirmés juste ce qu’il faut, les tanins s’apprécient pour leur délicatesse et leur soyeux.
Château Moulin Pey-Labrie – Canon-Fronsac 2020
Nez > on est accueilli par un registre fascinant, suave et affriolant, où s’unissent fruits rouges et fruits noirs, et auquel s’agrègent des fragrances florales, ainsi la pivoine.
Bouche > son profil tout entier laisse sur une impression de plénitude suscitée par l’équilibre confondant de sa constitution, lequel confère de la grâce à sa matière et une élégante fluidité à sa texture d’où s’écoulent longuement des saveurs riches et foisonnantes, à l’unisson des arômes. S’exprimant dans un environnement sapide, les tanins concourent de leur soyeux ce tableau épicurien.
Prix au château des vins cités :
Cuvée Piverts 2020 : 15 € – Château Moulin 2020 : 15 € – Château Haut-Lariveau 2016 et 2019 : 23 € – Château Moulin Pey-Labrie 2014 : 26 € > 2016 : 28 € > 2020 : 30 €
Adresse > 6, lieu-dit Pey-Labrie, 33126 Fronsac
Site internet > ici
Château de La Rivière
Trônant au cœur d’un coteau verdoyant dominant le cours de la Dordogne, le Château de La Rivière arbore fièrement une architecture datant de la Renaissance, mais ayant reçu entre-temps la visite d’un disciple de Viollet-le-Duc, un célèbre architecte dont la griffe a rejailli ici à la fin du XIXème siècle. Depuis cet épicentre rayonne un vignoble parmi les plus étendus de Fronsac (53 ha) et qui occupe largement le plateau surmontant son site. De nombreux propriétaires s’y sont succédés durant une longue histoire que des sources retracent jusqu’à 1260, ce qu’illustre à sa manière sa période la plus récente, avec pas moins de trois acquéreurs depuis 1994. A contrario de ses mutations successives au cours des trois dernières décennies, l’estime que sa production suscite aujourd’hui le doit à une conduite très bien suivie de son exploitation par Xavier Buffo, son actuel directeur qui y officia comme maître de chai dès 1997. Depuis, il n’a cessé d’accroître ses compétences à travers les responsabilités qui lui ont été confiées jusqu’à superviser entièrement sa gestion à partir de 2013. Il y a développé par ailleurs une très importante activité d’œnotourisme, immanquablement suscitée par la magnificence de l’endroit. Si les prétextes pour une visite ne manquent pas, celle de ses caves souterraines n’est pas la moindre, s’agissant de galeries impressionnantes en superficie, puisque couvrant quelques 8 ha ! Là, dans des conditions optimales de température et d’hygrométrie, une profusion de bouteilles se bonifient à merveille, préservant au mieux l’essence de leur millésime.
A la mesure de sa grande superficie, différents types de sols constituent le domaine, exploités suivant leur nature, les plus qualitatifs alimentant le vin éponyme, s’agissant de son grand vin. Déterminées par l’expérience, ses sources se trouvent sur le plateau, et tout spécialement dans les parties où le calcaire affleure, ainsi que sur certains coteaux, la nature de chaque récolte décidant d’éventuels ajustements quant au choix des parcelles. Somme toute classique, la vinification de son vin ambassadeur maintient toutefois des pratiques moins systématiquement mécanisées. Il en va de même pour son élevage, où l’on ne se prive pas de l’usage traditionnel de la barrique pendant tout son cycle, mais suivant un principe où l’action du bois neuf n’est pas prépondérante, appliquée seulement au tiers du volume du vin, une pratique largement usitée, reconnue pour sa pertinence quand il s’agit de ne pas dilapider le potentiel fruité d’un vin.
A l’aune de la dégustation d’une décennie du premier vin de La Rivière, j’ai réalisé combien l’équipe en charge de son exploitation a parfaitement œuvré sous la houlette de Xavier Buffo, riche d’une expérience de plus d’un quart de siècle à son service. A cette réussite s’ajoute l’insigne mérite d’une production à l’échelle d’un grand vignoble, autant le dire. Premier jalon de mon évaluation, le millésime 2016 est ici à la hauteur de sa grande réputation avec une expression qui balance entre richesse et opulence tout en présentant un profil harmonieux et encore structuré. Il y a peu à dire sur ce vin sinon de patienter pour apprécier pleinement ses qualités de fond. A sa suite, le 2017 surprend par sa réussite dans une année marquée par le gel qui en a terni la perception. En cela, la situation du vignoble proche de la Dordogne l’a sauvé des eaux pour ainsi dire, le climat local étant peu gélif. Il en résulte aujourd’hui un vin savoureux grâce à une texture fraîche, mais sans défaut de maturité. Un boisé encore sensible souligne par ailleurs un léger déficit dans les qualités de fond, inhérent à la nature de cette année-là. S’il invite à être apprécié sans réserve, c’est moins le cas de son suivant, un 2018 au fruit mûr et concentré, témoin d’une belle mais petite récolte. Il y a de l’étoffe et l’équilibre qui lui est approprié, en partie assuré par l’action un élevage soutenu, appelé par une matière particulièrement riche. A son bénéfice, il faut ajouter qu’une arrière-saison propice a joué pour parfaire la maturité des raisins. Un même contexte climatique a favorisé la naissance du 2019, où le charme du fruit opère davantage au détriment du boisé, y créant une impression de velouté, conjugaison d’une verve aromatique et d’un caractère salivant. Epicurien dans l’âme, il cède dans cette chronologie à un 2020 qui le sera tout autant à sa manière, comblé qu’il est de qualités convaincantes que le temps dévoilera (voir ci-dessous sa note de dégustation).
Interrompant l’heureuse trilogie 2018-2019-2020 et peu estimé en raison de nombreuses perturbations subies par son cycle, 2021 a été de surcroît hétérogène sur l’ensemble du bordelais. En tout cas, le secteur de La Rivière a été épargné par le gel, engendrant un millésime très satisfaisant, bien interprété relativement au potentiel d’une année dont il apparaît comme un archétype de ses bonnes réussites. Plus sérieux que séduisant, son profil étiré et structuré le rattacherait au style classique dans l’imaginaire du Bordeaux. Gageons qu’un peu de temps arrondira ses contours pour en faire une expression mieux que simplement aimable. A bien des égards le millésime 2022 rappelle la grandeur du 2016, cependant le style des vins diffère sensiblement si l’on tient compte de leur qualité intrinsèque. En effet, au-delà de l’éclat de sa jeunesse, le 2022 présente une fraîcheur de texture inédite où l’influence du cabernet franc n’est pas à exclure, la part du cépage dans sa composition s’étant progressivement accrue ces dernières années, même si elle n’est que de l’ordre de 10 %. L’équilibre né de cette sensation de fraîcheur lui donne de l’ampleur et de la grâce, et sublime son toucher. Pour le reste, la comparaison continue à être à son avantage, notamment un fruit bien expressif et séduisant, aussi varié que bien défini, conjuguant épices, fruits noirs, réglisse et une note florale. On retrouve une même expressivité dans un 2023 qui, la nature du millésime aidant, a de surcroît tous les atouts pour un épanouissement précoce.
Château de La Rivière – Fronsac 2020
Nez > son approche séduit par des senteurs de fruits noirs gourmands (myrtilles), finement épicées, accordées à un boisé frais, perçu sous forme de notes singulières d’eucalyptus.
Bouche > une sensation prenante de volume témoigne d’un équilibre hors pair et d’une appréciable franchise d’expression, d’où découle une texture pulpeuse et savoureuse sur un goût transposé des arômes. Des tanins soyeux et bien harmonisés à l’ensemble projettent son expression dans un avenir prometteur.
Château de La Rivière – Fronsac 2018
Nez > sa captivante suavité se ressent à travers des senteurs de fruits noirs et d’épices étroitement mêlées aux tensions procurées par un boisé bien ajusté.
Bouche > d’un profil ample et harmonieux, elle déploie une fraîcheur de constitution qui innerve sa matière pour susciter un équilibre à la mesure d’un goût généreux faisant écho aux arômes, tout en privilégiant un écoulement de fruits noirs. Sans déplaire à présent, le moutonnement des tanins reflète le caractère de garde du millésime.
Prix au château des vins cités :
Millésime 2016 : 24 € > 2017 : 21 € > 2018 : 23 €, en promotion à 18 € jusqu’au 31 août > 2019 : 22 € > 2020 : 22 € > 2021 : 22 € > 2022 : 23 €
Adresse > rue de Goffre, 33126 La Rivière
Site internet > ici
Château Saint-Vincent
Son nom reprend celui du lieu-dit d’appartenance situé sur la commune de Saint-Aignan. Au sein de la même famille depuis quatre générations, la propriété appartient aujourd’hui à son vigneron en titre, Nicolas Chevalier, qui y œuvre de concert avec Nathalie, son épouse, et son père Francis. Avec seulement 8 ha de vignes en production et un personnel se résumant en fin de compte à trois acteurs, son exploitation confine à de l’artisanat, un constat que renforcent certaines pratiques, dont la plus surprenante est la mise en bouteilles avec une simple tireuse manuelle ! Cette gestion auto-suffisante, pour ainsi dire, s’étend à un mode de commercialisation où nos vignerons s’impliquent personnellement en vendant directement à des clients particuliers une partie importante de leur production, notamment sur des salons régionaux.
Situé à l’orée du hameau de Saint-Vincent et formé d’un seul tenant, son vignoble s’étend sur le plateau de l’aire de Fronsac dans un position parfaitement limitrophe à celle de Canon-Fronsac, la frontière étant matérialisée par le tracé d’une route. Autre singularité et non la moindre, son site correspond au point le plus élevé du vignoble fronsadais, culminant à près de 90 m. De nature argilo-calcaire, ses sols comportent de nombreuses veines calcaires affleurantes. Cela dit, et à son avantage, l’âge moyen des vignes est élevé, avec une moyenne de 45 ans et certaines pas loin d’être centenaires. Éponyme du château, la cuvée traditionnelle reflète cet encépagement vénérable en privilégiant le merlot pour l’essentiel (85 %), le reste étant en cabernet franc. Épargné de l’empreinte du boisé malgré un vieillissement classique en barrique, le 2018 est le produit d’une année faste et le reflète par des arômes bien mûrs, mais sans opulence, suggérant une sensation de velouté. Cette richesse s’y traduit autrement par une matière avec du moelleux, qui s’apprécie d’autant mieux que sa texture a de l’éclat. Un tant soit peu rustiques, les tanins jouent de leur naturel et ajoutent du caractère à l’ensemble. A sa suite, le 2020 reconduit cette riche identité (décrit ci-dessous) dans un style plus harmonieux, que l’on retrouve un peu dans un 2021 étonnamment réussi dans un millésime pourtant peu glorieux.
Si le vin portant la seule signature Saint-Vincent est un reflet sincère du produit global du château, il en est un autre qui incarne la fierté de ses vignerons, où l’ambition est à l’avenant. Baptisée distinctement chaque année depuis sa création en 2006, cette cuvée marginale, mais non confidentielle, ne voit le jour qu’à l’occasion des grandes années. Elle le fruit du seul merlot récolté sur des parcelles bien identifiées de vignes plutôt jeunes, ce qui semble paradoxal pour sa vocation, tandis que son élaboration se permet le luxe de barriques neuves soigneusement sélectionnées. Baptisée « Intensité » à l’occasion du millésime 2018, elle apparaît comme un concentré de qualités exprimées avec du raffinement, et illustre une forme de grandeur qui ne s’affranchit pas d’une bonne part de séduction.
Château Saint-Vincent – Fronsac 2020
Nez > il exhale des senteurs de cuir frais et surtout de fruits noirs très mûrs frisant l’opulence, avec en parallèle la sensation d’un léger boisé à sa juste place.
Bouche > son allure ample souligne favorablement le toucher d’une matière pourvue de surcroît d’un très bel équilibre de texture, où s’exprime un goût puissant et persistant sur le complexe aromatique. Dans une phase de gestation, les tanins voient leurs émergences de dégrader pour un aspect plus fondu.
Château Saint-Vincent – Fronsac 2018
Nez > les sensations qu’il procure rappellent le registre aromatique du 2020 en plus nuancé et savoureux.
Bouche > même remarque concernant son profil, avec ici un fond plus généreux et une texture moins gracieuse tout en étant aérée et d’un goût salivant. Plutôt sensible, l’accroche des tanins les dissocie quelque peu de l’ensemble, sans cependant le déparer.
Prix au château des vins cités :
Château Saint-Vincent 2018 : 11 € > 2020 : 10 € > 2021 : 9,50 € – « Cuvée Intensité » 2018 : 25 €
Adresse > 10 bis, lieu-dit Vincent, 33126 Saint-Aignan
Site internet > ici
Château La Valade
Une maison bourgeoise d’un charme suranné et le chai attenant distinguent le cœur de ce domaine familial, dont les vignerons sont Agnès et Hervé Roux. Il leur a été transmis en 2005 par Bernard Roux, le père d’Hervé, qui l’avait acquis en 1966. Sa grande particularité est une situation à cheval sur Fronsac et Canon-Fronsac, avec toutefois une majorité de vignes sur la première appellation. Cette position va jusqu’à une association des deux appellations sur une seule parcelle d’un sol homogène ! D’une superficie intermédiaire (17 ha), son vignoble va cependant être réduit de manière à rester une exploitation à taille humaine, Hervé s’occupant seul des tâches viticoles, Agnès se chargeant des vinifications. Composé principalement de molasses du fronsadais et de calcaires à astéries, son terroir comporte une moindre part d’argiles blanches ou bleues, qui de l’avis du vigneron ont leur importance quand il s’agit d’apporter une touche d’élégance au fronsac étiqueté Château La Valade. Si ce vin identifie la majeure partie de la production, le château met un point d’honneur à valoriser ses meilleures vignes sous forme de deux cuvées rares et ambitieuses, baptisées respectivement « Pépé » et « Maximus Mundi », lesquelles le distinguent comme un acteur de mérite et à part entière dans le concert fronsadais.
Château La Valade sans épithète désigne donc son vin le plus représentatif, un fronsac fait essentiellement de merlot et d’une petite part de cabernet sauvignon (environ 10 %), les années où il mûrit bien. Issu de parcelles qui lui sont propres et élevé simplement en cuves, il surprend son opulence aromatique dans un 2018 où l’impression en bouche est cependant plus tempérée, mais surtout remarquable par l’équilibre qu’on y ressent, doublé de surcroît d’un caractère foncièrement sapide. Telles sont les qualités marquantes de cette cuvée dans un millésime que l’on peut savourer dès à présent. Quant au canon-fronsac du même nom, il est issu d’une parcelle de moins de 2 ha, plantée uniquement en merlot. Dans ce même millésime, son expression est proche du fronsac, quoique distincte par son penchant généreux ainsi qu’une structure plus sensible, tout en se prévalant d’une appréciable fraîcheur de constitution que traduit sa texture pulpeuse.
Élaborée en hommage à Bernard Roux et d’une production très limitée, la cuvée « Pépé » provient de vieux merlots de plus de 50 ans, plantés sur un plateau calcaire. Aux atouts de ses origines, ses auteurs ajoutent leur métier pour sublimer son expression, s’agissant d’un élevage en barriques neuves sur lequel ils portent toute leur attention de manière à ce que le boisé résultant reste harmonieux et respecte le fruit. « Pépé » 2020 rend compte de cette justesse sur un tempo épicé, et au-delà de cette qualité, présente un enviable sensation de matière, consécutive à une dynamique d’expression des plus heureuses et servie par des saveurs délectables. Nommée littéralement « Maximus Mundi – L’Intime », également produite en peu d’exemplaires, l’autre cuvée parcellaire se prévaut aussi de merlots ayant dépassé le demi-siècle, issus du même secteur. Imposé par la destination de son marché, le boisé y est volontairement plus ostensible tout en laissant apprécier un riche et profond caractère fruité. Comparativement à son alter ego du même millésime, on y ressent des qualités comparables grâce à une action d’embellissement du bois qui dépasse la simple notion de séduction
« Pépé » – Fronsac 2020
Nez > si la sensation d’un boisé toasté y domine, elle laisse un bel espace à l’expression de notes épicées et de fruits noirs comme du cassis.
Bouche > son volume englobe à merveille la matière et la distribue harmonieusement sur son pourtour en suscitant une notable franchise d’expression. Par contraste, le goût est voluptueux et porté sur des épices, avec un boisé y interférant sans excès. Bien présents, les tanins font cependant valoir leur finesse et des contours émoussés.
« Maximus Mundi » – Fronsac 2020
Nez > il partage avec le précédent un net caractère boisé, qui compose ici avec des senteurs moins détaillées sur un ton opulent pénétré d’épices comme du poivre blanc.
Bouche > d’une ampleur élégante et d’un toucher de matière délicat, elle se prévaut également d’une texture riche et pulpeuse, dont la perception est sous encore l’influence du boisé, tout en exsudant des notes fruitées savoureuses. Encore fermes, les tanins présentent toutefois un profil velouté.
Prix au château des vins cités :
Château La Valade Fronsac 2018 : 14 € – id. Canon-Fronsac 2018 : 17,20 € – « Pépé » 2020 : 24 € – « Maximus Mundi » 2020 : prix sur demande
Adresse > 2, lieu-dit La Valade, 33126 Fronsac
Site internet > ici
En la personne de Sophie Dabudyk, je tiens à remercier le Conseil des Vins de Fronsac pour son soutien et son concours à la réalisation de cet article, tout comme j’exprime ma reconnaissance à Expression de Fronsac pour son accueil particulièrement attentionné le temps de mon reportage.
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