Le marselan, nerf des vins de Camargue

Le marselan, nerf des vins de Camargue

La Camargue, une terre de vin

Même si une dénomination languedocienne se sert abusivement du terme Camargue pour ses vins de sable, la Camargue (comme d’ailleurs la Petite Camargue) est entièrement bucco rhodanienne et s’étend sur les seules communes d’Arles et des Saintes Maries de la Mer.

Je me souviens que durant ma petite enfance mon hameau d’Albaron était entouré de vignes jusqu’à ce que le riz vienne prendre sa place au tout début des années cinquante. La Camargue avait jusque-là toujours produit des petits vins frais et peu alcoolisés. Si nous associons à cela que le cépage vaccarèse (ou camarèse), utilisé notamment à Châteauneuf-du-Pape, est probablement issu des bords de l’étang du Vaccarès, comment peut-on oublier que la Camargue est une terre de vin ?

 

Sa bannière, l’IGP Terre de Camargue

Aujourd’hui se ne sont plus des petits vins que produisent les vignerons camarguais mais des vins bien faits au rendement équilibré et qui peuvent en toute probité orner vos plus belles tables. Les vignerons camarguais sont le plus souvent producteurs de riz mais ont su réserver de jolies parcelles pour leurs vins blancs, rosés ou rouges. Désormais, comment pourriez-vous vous attabler devant une gardiane de taureau, du paleron aux câpres, un catigot d’anguille, un riz aux tellines ou une aîgo-sau sans penser à accompagner votre mets camarguais d’un vin de Terre de Camargue ?

Les vins produits en Terre de Camargue sont issus de divers cépages. Il semblerait toutefois que les cépages métis, bien adaptés à ce terroir, rencontrent un franc succès. Ce sont le chasan, cépage blanc né du croisement listan-chardonnay, le caladoc, cépage noir (grenache et malbec) et le marselan (cabernet sauvignon et grenache). C’est ce dernier qui retiendra ici toute notre attention. Bien utilisé en Camargue (56 ha sur un vignoble de 700 ha), il donne des vins rouges aux couleurs intenses, souvent charnus, quelque peu tanniques. Il sait rester fruité et propose de jolis traits d’épices.

 

Le marselan en dégustation

Quatre vins, tous élaborés avec le seul marselan. Une excellente façon de percevoir les vertus méconnues de ce cépage.

 

Domaine de Beaujeu – Cuvée Vincent 2015

Une robe profonde, l’élevage en fût l’a marqué de notes subtiles de vanille, une bouche ample et intense, souple et dense, chaleureuse et puissante… Plein de Courtoisie ! (8.20 €)

Route du Sambuc – 13200 Arles – Tél. 09 64 18 90 33

 

Mas de Valériole – Cham Cham 2014

Je ne sais pas à quoi on doit ce charmant nom de cuvée, mais elle confirme les immenses possibilités du marselan. Une robe foncée, des arômes intenses de fruits rouges et noirs. Une bouche ample, ronde et puissante d’une structure et de saveurs très séduisantes… Magnifique tenue ! (21 €)

Gageron 13200 Arles Tél. 04 90 97 10 41

 

Domaine Attilon – A d’Attilon 2016

Une robe toute en élégance, un nez de petits fruits cassis framboise, une bouche à la fois ronde et concentrée offrant de belles saveurs soyeuses. Une finale joliment épicée… Distingué ! (7.50 €)

Mas-Thibert – 13104 Arles – Tél. 04 90 98 70 04

 

Mas de Rey – Marselan 2016

Le marselan à une longue histoire commune avec le Mas de Rey qui a servi de conservatoire pour ce cépage.  Ce 100% marselan a une robe pourpre profonde. Le nez fruité noir garde une certaine fraîcheur. La bouche assez riche, charpentée et généreuse reste souple et attrayante… Gracieux ! (7.50 €)

Ancienne route de St Gilles – 13200 Arles – Tél. 04 90 96 11 84

 

Du marselan sans soufre !

Les vignerons de Camargue œuvrent sur une terre peu facile à gérer. Ceux-ci augmentent leurs difficultés en se lançant dans la confection de vins sans soufre ajouté, dits aussi « nature »… et ils réussissent ! Les deux cuvées sont également 100 % marselan. Il convient toutefois de les boire jeunes et un peu frais. Des produits différents allant, peut-être, vers un peu plus d’authenticité.

 

Domaine de Beaujeu – sans soufre ajouté 2016

Aucune adjonction de sulfites tout au long de son élaboration et de son conditionnement, affirme Pierre Cartier, le père de cette cuvée. Toujours cette robe pourpre typique du marselan. Le nez explose sur les petits fruits rouges. La bouche est fraîche, dotée de magnifique saveurs de fruits d’été, ronde souple et veloutée… Printanier ! (7.20 €)

 

Mas de Valériole – Nature 2017

Pour ce vin, Patrick Michel procède à une vendange nocturne afin de prévenir l’oxydation des baies. Une robe aux reflets violine qui proclame sa jeunesse.  Des saveurs gourmandes et croquantes suivent un nez subtil quelque peu floral… Friand ! (9.50 €)

 

 

 

L’auteur de l’article :
Chroniqueur vin depuis une vingtaine d’années, Pierre Galaud a créé la rubrique « De la vigne et du Vin » dans le quotidien La Marseillaise. Il a collaboré à la rubrique gastronomie de L’Air d’Avignon, ainsi qu’à divers supports sur le théâtre.

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