Escapades Gardoises (2)

Escapades Gardoises (2)

Dans l’esprit qui a guidé mon reportage dans le Gard des vignes, les présentations qui suivent rendent compte de ma seconde étape au gré de son territoire. Elles consacrent deux autres coopératives : une bien méconnue et digne d’une découverte, la Cave de Pazac, qui a eu le mérite de défricher des sols réputés sans noblesse pour les fructifier avec brio en Costières de Nîmes. L’autre unité, Les Vignerons d’Estézargues, parle à de fins connaisseurs curieux et sans préjugés dont elle retient l’attention depuis plus de trente ans par des vins étonnants et réjouissants, fruits d’une philosophie pionnière qui révèle aujourd’hui toute son acuité.

➤ (Re)découvrir la première étape de mes escapades ici

➤ Accéder directement à ma notice sur les Vignerons d’Estézargues (ci-après) ici       

Cave de Pazac

Cette coopérative est l’une des plus originales qui soient, à commencer par le contexte de sa création en 1968. En effet, cette année-là des familles de rapatriés d’Algérie, accueillies dans cette partie du Gard, s’unissent pour créer un centre de vinification, la taille de leurs exploitations, de surcroît en polyculture, n’étant pas viable pour envisager la construction de caves individuelles. Initialement au nombre de 15, ses adhérents diminueront au fil du temps pour se retrouver aujourd’hui à celui de 9, soit un chiffre critique pour constituer légalement une coopérative. Il faut également savoir que la relève de ces familles n’a pas été assurée, leur descendance ayant choisi de quitter la filière, faisant que les « locaux » ont repris depuis leurs terres. Autre fait marquant, l’un des adhérents exploite à lui seul 180 ha sur les 300 que compte le vignoble coopératif. Il est également bon de savoir que la fondation de la cave a coïncidé avec la grande mutation viticole d’une région alors vouée à des vins courants faits de cépages peu glorieux. Dans ces années-là, son vignoble a été complètement remanié au profit de variétés plus qualitatives, syrah et grenache en premier lieu, faisant alors bénéficier ses vignes les mieux situées de l’appellation Costières du Gard, rebaptisée depuis Costières de Nîmes.

Aux singularités que je viens d’énoncer, on peut ajouter celle de son bâti, un ancien mas dont la bergerie a mué en boutique, une précision que je dois, comme toutes les autres, à Jean-Louis Boyer, son directeur. Sa forte implication dans le fonctionnement de la coopérative fait que notre responsable connaît sur le bout des doigts la composition de chacune des cuvées qu’il me fait déguster. Il énumère ainsi et sans hésitation les nombreux cépages qui concourent à Medenas, un blanc en IGP Coteaux du Pont du Gard. Son 2021 se distingue par une expressivité aussi évidente que séduisante, dont émane un parfum légèrement muscaté, influence manifeste du cépage muscat, présent à hauteur du quart de sa composition. Ce même registre frais et enjôleur caractérise encore plus nettement la cuvée Veuve Mathilde, un blanc en Costières de Nîmes pourtant élaboré sans recourir à ce cépage. Dans son cas, cet arôme traduit probablement l’extrême jeunesse du vin : un 2022 mis en bouteille le matin même ! Cela dit, Jean-Louis Boyer me donne une explication plus plausible à l’origine de ce phénomène : l’influence de vignes de viognier relativement âgées (environ 30 ans) et surtout issues de greffes perpétuelles, appelées sélections massales, et non de clones. Le chapitre des blancs se clôt brillamment par Le Pigeonnier, d’une expression tout autant primesautière, alliance accomplie de séduction et de fraîcheur.

Décliné en rosé, « Le Pigeonnier » 2021 ne paraît pas son âge, déjà estimable pour la couleur, restant vif et pourvu d’un fruit sans rides. Son acuité est tout à l’honneur de la coopérative, s’agissant de son vin le plus diffusé. Par sa nature hautement fruitée, son homologue en rouge préfigure une lignée de rouges ayant en commun ce trait distinctif. Jouant cette carte sur un ton charmeur et un profil gouleyant, « Le Pigeonnier » 2021 remplirait parfaitement une vocation de vin convivial. Ajouté en bonne part à une composition de cépages proprement méditerranéens, le marselan participe de sa personnalité, tandis qu’il donne du cachet à la bien nommée Fontaine Miraculeuse, une autre cuvée où il abonde. Cette dernière affiche d’ailleurs un même style savoureux en plus étoffé dans ce même millésime. Outre des rouges stylés par le fruit, la Cave de Pazac signe des expressions peaufinées par un élevage en fût de chêne, produits exclusifs de domaines adhérents. Campé sur de la syrah, « Mas d’Andrum » 2019 affiche un boisé ostensible qui l’éloigne quelque peu de l’identité d’un rouge des Costières, mais flatte assurément le palais. Mieux ajusté de manière à composer harmonieusement avec le fruit, le boisé de la cuvée Château Fornier de Clausonne donne belle allure à son 2019, un vin qui laisse déjà apprécier ses atours, tout en sous-entendant de grandes promesses.

Mes vins préférés :

Costières de Nîmes blanc 2022 – Le Pigeonnier

Expressif comme un vin très jeune, son nez exhale des senteurs nuancées et toniques d’agrumes, mêlées de notes florales sur un petit air minéral.
D’une appréciable rondeur et d’un toucher élégant, la bouche forme un ensemble harmonieux où s’exprime un goût fidèle aux arômes, « respirant » et intense, qui fait saliver jusqu’à sa ponctuation par un léger grain minéral.

Costières de Nîmes rouge 2021 – Le Pigeonnier

Riche et velouté, le nez rend ce caractère à travers un registre de fruits compotés tirant sensiblement sur de la cerise, doublé d’une inflexion sur son noyau.
D’un style souple et charnu, la bouche plaît encore par un fruit abondant et croquant, sur un même ton que les arômes, lequel imprime des tanins légers qui couronnent agréablement ce vin plaisir.

Costières de Nîmes rouge 2021 – Fontaine Miraculeuse

L’abord frais des senteurs se traduit par un registre évoquant de la cerise mûre mariée à des épices douces, à l’instar du paprika.
En bouche, un trait de fraîcheur donne de la pulpe à une matière savoureuse et gourmande sur un registre épicé-fruité comme au nez, le tout s’accommodant pour le mieux de tanins souples et soyeux.  

Costières de Nîmes rouge 2019 – Château Fornier de Clausonne

La distinction et la discrétion du boisé laisse le champ libre à l’expression d’arômes d’épices et de fruits secs-confits à l’instar de la figue sèche, le tout formant un synthèse singulière rappelant l’odeur du cade.
En bouche, l’expression de la fraîcheur suscite une engageante sensation de volume et confère du relief à une texture goûtant un jus délicieux fait de saveurs pénétrantes, en écho aux arômes, mais plus accentuées sur le fruit. Veloutés et soyeux, les tanins confèrent à l’ensemble de la tenue et augurent de son potentiel de garde.

Prix des vins cités :
Medenas blanc : 4,50 € ☛ Veuve Mathilde blanc : 8,30 € ☛ Le Pigeonnier blanc, rosé, rouge : 5,80 € ☛ Fontaine Miraculeuse : 8,05 € ☛  Château Fornier de Clausonne : 12,60 €


➤ Route de Redessan, 30840 Meynes

➤ site internet : ICI

Les Vignerons d’Estézargues

Cette coopérative établie dans le village dont elle porte le nom a été pionnière à plus d’un titre. En effet, si sa fondation s’est faite en 1965 par référence à un mode de fonctionnement traditionnel, en 1989 elle met le cap en sur une gestion participative de son vignoble avec l’objectif de segmenter sa production à l’aune de ses domaines adhérents. Ainsi, pas moins de 11 domaines et autant de vins sont aujourd’hui le reflet de cet engagement commun. Unique en son temps, le principe d’individualiser de la sorte sa production reste l’apanage des Vignerons d’Estézargues, même si depuis d’autres structures coopératives mettent ainsi en valeur une part marginale de leur potentiel. Cela dit, l’esprit collectif demeure à travers des cuvées qui rassemblent les apports de tous les sociétaires lorsqu’ils concernés par une demande spécifique à chacune d’elle, qu’ils soient ou non impliqués dans un vin de domaine.

Précurseur, elle l’a également été dans la prise en compte de l’impact de son activité sur l’environnement à l’échelle d’une vaste superficie. A partir de 1996, elle adopte les préceptes d’une viticulture alternative au mode de conduite conventionnel des vignes, qualifiée de lutte raisonnée. Cette première démarche responsable était d’autant plus louable que sa pratique était dûment certifiée. Elle sera suivie à partir de 2008 par une conversion progressive de son vignoble à l’agriculture biologique, laquelle représente actuellement 70 % de ses presque 600 hectares. L’autre singularité caractérisant les Vignerons d’Estézargues n’est pas des moindres étant donné son actualité, s’agissant de l’élaboration de vins sans sulfites ajoutés. Véritablement pionnière en la matière dans le secteur de la coopération, elle perpétue depuis 1997 un protocole de vinification sans cet intrant en l’appliquant de surcroît à l’ensemble de ses vins, et en réservant son usage strictement pour la phase de mise en bouteille. S’il caractérise ses produits conditionnés, ce principe de précaution a été très ponctuellement levée par le passé au profit de vins dit « natures », c’est-à-dire obtenus sans aucun autre intrant, notamment des levures de fermentation exogènes, et livrés dans leur intégrité, c’est-à-dire non clarifiés par un quelconque procédé. Si le vin « nature » n’a plus d’actualité dans sa production, l’essentiel des règles qui le définissent continuent de prévaloir dans les techniques de vinification de la cave.

Etendu sur les communes voisines d’Estézargues : Domazan, Salze et Rochefort-du-Gard, le vignoble coopératif est très majoritairement classé en Côtes du Rhône, et marginalement en IGP. Il est également constitué de quelques vignes excentrées à Sernhac, les seules qui soient en appellation Costières de Nîmes. Parmi ses vignes en Côtes du Rhône, une grande partie, de l’ordre de 200 ha, bénéficie du label exclusif Côtes du Rhône Villages Signargues. Décrétée en 2005 et réservée aux seuls rouges, cette AOC gardoise consacre un terroir formé des plus anciennes terrasses alluviales du Rhône, datées de l’ère géologique du Villafranchien. Il se caractérise par des sols très pierreux, dont les constituants les plus imposants sont appelés galets roulés, lesquels recouvrent un secteur d’une altitude relativement élevée – 150 m en moyenne – étant donné la proximité du cours du Rhône. La distinction de cette zone assimilable à un plateau doit beaucoup à ses capacités à bien réguler une pluviométrie typique du régime méditerranéen. En cela, il faut invoquer le rôle bénéfique des argiles rouges qui composent les sols les plus significatifs de ce terroir, ceux qui confère à la syrah une appréciable expressivité qui l’épargne d’un penchant opulent lorsqu’elle atteint comme ici une haute maturité. Elle forme ainsi un heureux duo avec le grenache, lequel tient également bien son rôle sur les parties moins « douées », où la présence de sables expose aux inconvénients de la sécheresse.  

En dépit d’un naturel généreux, le terroir de Signargues assure un équilibre remarquable aux vins qui l’expriment au mieux, leur procurant une fraîcheur de constitution surprenante et propre à engendrer un fruit chatoyant, et pour ne rien gâter, les gratifie d’une structure des plus aimables. Décrivant parfaitement le style des rouges de la coopérative, ce profil pourrait constituer un archétype accompli du « cru », surtout que sa gamme l’honore largement avec pas moins de 7 cuvées sur les 11 portant la signature d’un domaine. Partageant un mode d’élaboration dicté par une vocation de vins où prime le plaisir, aptes à une consommation précoce, généreux en fruit et d’une souplesse harmonieuse, l’ensemble n’offre pas pour autant un concert monocorde. Sur le thème d’une identité rhodanienne bien rendue à travers un caractère épicé, chaque cuvée apporte en effet son lot de nuances, reflets d’un parcellaire diversifié et de cépages assemblés de manière distincte. Plutôt que de discourir sur le style propre à chaque vin, je renvoie aux commentaires de dégustation qui suivent mon propos, dans lesquels sont traduites les impressions laissées par ceux ayant eu ma préférence, et ils sont nombreux…

Parmi les vins distingués, je citerai plus particulièrement le 2020 du Domaine de Sarrelon. Composé de grenache et d’une touche de carignan, il dispense toute la complexité aromatique attendue d’une expression épanouie et dont l’allure achevée témoigne pleinement du savoir-faire de la cave. Faisant exception à une méthode d’élevage « neutre », opérée en cuve à toute l’échelle de sa production, Domaine d’Andézon 2020 a été affiné en fûts usagés et, a contrario du style dominant, commence seulement à faire apprécier l’étoffe et la séduction gagnés par une technique bien menée et sans outrance. Forgée par de la syrah, comme le vin précédent et comme le laisse entendre son intitulé, la cuvée Sy… présente quant à elle un boisé plus affirmé, sans toutefois donner dans l’ostentation. L’anonymat de sa source s’explique par une composition faite des syrahs sélectionnées ici ou là parmi les plus vénérables, plantées dans les années 1960 et, fait rarissime, conduites en gobelet*. Le résultat est confondant par l’effet de relief qui l’anime, effet commandé par une fraîcheur littéralement pénétrante dans un 2019, qui se distingue en outre par des flaveurs luxuriantes.

Les grandes orientations des Vignerons d’Estézargues doivent leur initiative à l’esprit éclairé de Jean-François Nicq, qui les avait mises en œuvre en sa qualité de directeur. Ils ont démarqué la coopérative par des engagements que l’on peut qualifier aujourd’hui de visionnaires. Denis Deschamps, son successeur et aujourd’hui en fonction, a poursuivi fidèlement sa mission en renforçant ses principes et en se chargeant d’anticiper les enjeux à venir où le changement climatique n’est pas le moindre, suscitant en particulier une réflexion cruciale sur un encépagement qui serait plus apte à le supporter.

Mes vins préférés :

Côtes du Rhône Villages Signargues 2021 – Domaine Grès Saint-Vincent

Fraîche et veloutée, l’approche aromatique est dominée par des senteurs alliant épices douces et fruits compotés sur un joli accent de garrigue (thym).
Déployée en une rondeur parfaite, la bouche dénote un équilibre achevé sur une matière souple et délicate, mais qui ne manque pas de puissance. Cette dernière forme d’ailleurs le nerf un fruit savoureux en écho aux arômes et qui filtre à travers des tanins à peine émergents et d’un caractère sapide.

Côtes du Rhône Villages Signargues 2021 – Domaine de Pierredon – Bio

Son énergie aromatique est suscitée par un registre mêlant des notes de réglisse, d’olive noire, voire de grain de café ; des senteurs d’épices venant en contrepoint.
D’une silhouette ample et élancée, la bouche possède un corps profilé en rapport, plus tactile que massif, qui s’anime de saveurs formant comme une synthèse des arômes sur une tendance épicée. Reconduisant les sucs d’un fruit rémanent, des tanins veloutés concluent agréablement son expression.

Côtes du Rhône Villages Signargues 2021 – Domaine La Montagnette

Bien en fruit, le nez exhale comme une compotée de fruits gourmands à laquelle succèdent des notes de garrigue et d’épices douces.
Conjuguant ampleur et amplitude, la bouche fait également valoir un caractère frais à travers une texture volontiers juteuse et d’un goût persistant qui emprunte aux senteurs leur côté épicé et un parfum de garrigue. Des tanins d’un beau soyeux et de surcroît salivants soulignent sa nature structurée et parachèvent l’expression sur une impression succulente.    

Côtes du Rhône Villages Signargues 2020 – Domaine de Sarrelon – Bio

Velouté, le nez met en valeur un fruit où alternent des senteurs d’épices douces, de cerise au kirsch, et d’olive noire et de garrigue fraîche.
En bouche, on apprécie le rôle de la fraîcheur à travers une ampleur notable et le joli modelé d’une matière au penchant juteux. A peine sensible, sa générosité ménage le caractère délicieux des saveurs, miroir gourmand des arômes, que des tanins fondants véhiculent en procurant une finale plaisante et harmonieuse.

Côtes du Rhône Villages Signargues 2020 – Domaine d’Andézon

Encore sur la retenue, le nez exhale une impression de suavité sur une note épicé et un boisé séduisant et bien ajusté.
Ce prélude engageant est conforté par le volume ressenti en bouche, lequel dynamise la matière pour la muer en une texture onctueuse, créant ainsi un équilibre remarquable. Affirmée, sa puissance est rendue non sans noblesse à travers un fruit en voie de s’épanouir, salivant et pénétrant au cœur d’une structure élégante, ourlée de tanins soyeux.   

Côtes du Rhône Villages Signargues 2019 – Sy …

Boisé avec distinction en laissant le fruit transparaître, le nez fait ressentir sa densité en laissant échapper un courant puissant d’épices mâtinées de notes affriolantes, toastées, d’olive noire et de violette.
Une sensation de fraîcheur préside en bouche et lui procure un profil sans pareil, faisant que la matière y ondoie avec aisance et voit son fruit souligné pour rendre des saveurs en concordance avec les arômes, qui ne sont pas sans évoquer des expressions du nord de la vallée du Rhône. Pour ne rien gâter, la qualité du soyeux et le caractère savoureux des tanins honorent sa haute expression.  

* Pratique traditionnelle, pour ne pas dire ancestrale dans le bassin méditerranéen, La taille en gobelet consiste à former des sarments autour d’un pied de vigne isolé, de manière à bien répartir les grappes sur son pourtour. On reconnaît bien des avantages à cette disposition, notamment en cas de forte sécheresse. Peu mécanisable, sa conduite a été progressivement délaissée au profit du palissage des vignes sur fil.

Prix des vins cités :
Domaine de Pierredon : 7 € ☛ Domaine La Montagnette : 7,70 € ☛ Domaine Grès Saint-Vincent : 8,20 € ☛ Domaine de Sarrelon : 8,20 € ☛ Domaine d’Andézon : 9,50 € ☛ Sy… : 15 €


➤ 478 Route des Grès, 30390 Estézargues

➤ site internet : ICI

A suivre …


Crédit photos : Syndicat des Vignerons de Signargues – Cave de Pazac – Les Vignerons d’Estézragues

Je renouvelle ici mes remerciements à Jean-Jacques Chevalier pour son aimable concours à la réalisation de ce reportage.

L’auteur de l’article :

Diplômé en histoire de l’art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France et d’autres titres comme L’Amateur de Bordeaux, Gault & Millau et Terre de Vins. Co-auteur dans l’édition 2016 du « Grand Larousse du Vin ».

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