Le vin et les médias
Comment se fait-il que le vin soit sujet à deux types de traitement par les médias dits « grand public », et qu’aucun ne soit fidèle à la vérité complexe de ce produit, pas plus qu’au contexte dans lequel se trouve le vin en France aujourd’hui, c’est à dire un produit de consommation de plus en plus occasionnelle ?
En dehors de rituels sujets compassés sur les « grands vins » ou des noms « prestigieux », il semble que le seul axe exploité par ce type de média, sauf exception notable, comme l’émission hebdomadaire In Vino, de Radio BFM (désolé pour ce coup de pub un peu perso !) soit le sensationnel. On a eu très récemment un exemple avec le reportage de l’émission TV « Envoyé Spécial » diffusée le 1er octobre. Tout y était outré, présenté avec emphase et sans que les commentaires ne prennent la peine d’en situer le contexte. Que beaucoup de vins contiennent des résidus de pesticides, soit (et ce n’est pas nécessairement une bonne chose), mais pourquoi ne pas prendre la peine (sans parler de rigueur scientifique) de situer clairement les niveaux acceptables officiellement, puis de les comparer aux doses de produits du même type qui se trouvent dans les fruits, les légumes, les fromages, le lait ou la viande, par exemple ? Ou bien de comparer les doses d’aujourd’hui avec celles détectables il y a 20 ans ? Ou, encore, de mesurer le volume de vin consommé dans une diète équilibrée (3 verres par jour, pour prendre la dose recommandée par l’OMS) et de pondérer cette proportion par l’ensemble de la consommation alimentaire quotidienne d’un individu ?
Un seul témoin scientifique était présent dans le sujet d’Envoyé Spécial, et aucune contradiction ou mise en perspective n’était proposée ! Il me semble que de tels « documentaires » sont contraires aux règles les plus élémentaires du journalisme, en présentant des thèses avant les faits, puis en sélectionnant les faits pour soutenir la thèse. Autrement dit, on est dans le billet d’humeur, pas dans le documentaire !
Le vin, tel qu’il est traité par un trop grand nombre de médias, est soit élevé à un rang qu’il ne devrait pas occuper (le vin relève de l’artisanat ou de l’industrie, mais surement pas de l’art), soit descendu au rang d’un poison supposé mortel. Le vin n’est ni œuvre d’art, ni concentré de produits néfastes pour la santé. Mais le vin est un produit éminemment humaniste. Consommé à dose modérée, il est très probablement tout à fait bénéfique pour la santé. Il est aussi (et toujours en quantités raisonnables) très bénéfique pour les échanges entre les individus, et constitue un terrain propice à une connaissance culturelle des relations entre l’homme, le savoir et la nature. Peu de produits peuvent en dire autant. Mais en France, peu de produits sont si mal traités par les médias. Pourquoi ?
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